• Sylvie Ouellet

    Bonjour Sylvie Ouellet,
    C'est un joli nom Ouellet, d'où vient-il ?

    Ça vient de France, de la Bretagne, mais le nom s'est déformé au fil des ans.

    Serait-ce la chanson de Pétula Clark des années 70 qui vous a donné l'idée du titre de votre conférence et pensez-vous que l'humour soit utile en matière de communication avec les âmes ?

    Vraiment c'est particulier, votre demande parce que je commence toujours cette conférence par deux questions : "Qui veut aller au ciel" et "Qui veut mourir ?" et effectivement cela vient de cette chanson (écoutez ici) que j'ai fredonnée souvent. Les paroles sont toujours d'actualité et je me sers de l'humour pour dénouer certaines peurs et dérider le thème de la mort puisque le fait de juste prononcer le mot amène une lourdeur. On peut rire de la mort sans la prendre trop au sérieux, mais elle a aussi des côtés bien plus lumineux qu'on croit.

    Comment s'est passée la transition entre le métier de notaire et le vôtre ? À propos, comment définissez-vous votre métier ?

    On pourrait y accoler toutes sortes d'étiquettes. Je me définis comme quelqu'un qui se spécialise dans le passage de la mort et de la naissance, parce que c'est mon centre d'intérêts, ma passion depuis plusieurs années. Je suis en recherche permanente de tout ce qui se passe autour de ce sujet. Il s'est écoulé plusieurs années entre les deux métiers, la transition ne s'est pas faite d'un jour à l'autre. La méditation que j'ai commencé à pratiquer régulièrement a été un élément déclencheur. Après quelques mois de cette pratique, j'ai reçu un jour une communication avec un défunt, ce qui était pour moi improbable à ce moment-là. Je me définissais comme rationnelle et entière, bien dans la matière, tout ce qui était éthéré, je pensais ne pas pouvoir y accéder. Cette première communication m'a projetée dans une quête de compréhension, j'avais mille et une questions mais aucune réponse. Ce qui se passe après la mort, je m'y étais intéressée d'un point de vue testamentaire, limité à l'aspect matériel, pas du tout à l'aspect spirituel. Après cette première expérience, j'ai ressenti le besoin de lire, de suivre des formations pour tenter de comprendre. En même temps, j'ai continué à recevoir des messages de défunts, ce qui m'a amenée à finalement accepter cette probabilité que je sois médium. Cela m'a pris plusieurs années, l'idée que je me faisais de ma propre personne n'avait rien à voir avec un médium. Après avoir écrit mon premier livre sur le sujet, j'ai commencé à animer des conférences.

    Aujourd'hui, on a coutume d'entendre : "On choisit ses amis, mais pas sa famille !" Qu'avez-vous à dire au sujet de cette affirmation ?

    Rires... C'est une impression, les amis on les choisit, la famille nous est imposée. Quand on regarde les types de relation que l'on a parfois avec ses proches, on se dit "Je ne suis pas masochiste à ce point, j'aurais mieux choisi". On méconnaît le fonctionnement de la vie et celui de la naissance. En s'intéressant au grand passage de la vie d'un point de vue spirituel, on regarde les choses avec les yeux de l'âme. Ces yeux-là ont un autre autre regard sur la vie. Là, on se rend compte que toutes les interrelations, la famille mais aussi les amis, les voisins, les professeurs, les commerçants, toutes ont été soigneusement choisies du point de vue de l'âme pour nous aider à découvrir ce qu'on porte à l'intérieur de soi, ce sont nos miroirs. Ces interrelations ne sont ni hasardeuses, ni imposées, mais acceptées à un autre niveau. Les relations, surtout les plus difficiles, nous amènent à regarder au fond de soi et à mettre en lumière les zones d'ombre qui n'appellent elles aussi que l'amour en soi.

    La vision de l'âme, mais comment faites-vous pour y accéder, à l'âme ?

    À travers la méditation, j'ai découvert qu'à l'intérieur de soi, nous avons constamment deux niveaux de langage qui se déroulent, le niveau du mental ou de la tête et le niveau du cœur ou celui de l'âme. Les sociétés matérialistes nous amènent à utiliser beaucoup plus le langage de la tête, analyser, rationaliser, structurer, nous sommes devenus des spécialistes en la matière. Mais rien ne nous amène au cœur, ce savoir intuitif que nous avons à l'intérieur de nous est délaissé. Nous avons tous cette capacité du langage du cœur, si nous prenons le temps de contacter l'espace du cœur. Dans nos rythmes de vie effrénés, où nous sommes constamment en contact avec l'extérieur, la radio, la télévision, les médias sociaux, nous sommes sur-sollicités de l'extérieur et nous n'avons jamais le temps de contacter notre sagesse intérieure. La vision de l'âme s'acquiert simplement à partir du moment où l'on entre en soi et que l'on parvient à cet espace de silence, à travers le langage du mental.

    Faire le vide ?

    Au début de ma période de méditation, quand il était demandé de faire le vide, plus j'essayais, moins j'y arrivais. Faire le vide, qu'il ne se produise plus rien, je n'y parvenais pas. Au fil du temps, j'ai compris qu'il s'agit plutôt d'accepter tout ce qui est là. En acceptant, l'espace se crée et nous changeons alors de niveau de discours pour accéder à la plénitude, à une forme de connaissance même.

    Croyez-vous que chacun de nous soit venu sur terre avec une mission bien particulière ? Et qu'arrive-t-il si nous passons à côté de cette mission ?

    J'adore vos questions. Oui, certainement, mais je crois que nous avons idéalisé le mot mission de vie et que, par cette idéalisation, nous cherchons au mauvais endroit. À mon avis, la mission de vie n'a rien d'extérieur, en premier lieu. La plupart d'entre-nous cherchons dans une action, dans une profession, dans un geste. Pour moi, la mission de vie est d'abord intérieure, trouver qui nous sommes, c'est cela, beaucoup plus au niveau de l'être. Dans ma conférence "Être l'auxiliaire du bonheur", j'amène ce thème de la mission de vie. Selon moi, pour pouvoir toucher au bonheur, il faut commencer par être. Tant que nous sommes uniquement dans l'action, il manque une dimension. La mission de vie c'est de mettre en lumière notre essence, qui nous sommes, notre unicité. Quand nous aurons touché cette unicité, toutes nos actions porteront la couleur unique de ce que l'on fait et nous aurons la sensation de toucher aussi à notre mission de vie, puisque nous sommes interconnectés avec cette portion de nous qui nous anime. Être dans sa mission de vie, c'est faire corps avec son âme et avec son esprit, c'est être aligné. Une fois que nous y sommes, toutes nos actions portent cette couleur et ça nous amène une joie indicible, communicatrice, qui fait que ceux qui la touche ont aussi envie de se retrouver dans leur mission de vie.

    La capacité de guérison, selon vous, chacun aurait ce potentiel. Pourtant, les habitudes de la majorité des gens seraient plutôt de dire par exemple : "Voilà Docteur, mon estomac ne fonctionne pas, réparez-le, faites-moi passer un scanner ou des ultrasons, et faites-moi une ordonnance qui va coûter bien cher, pas de ces médicaments à deux balles, les plus chers donc les plus efficaces. À ce taux-là, vous serez un bon docteur, Docteur !" Que dites-vous de cela ?

    Rires... C'est représentatif du fonctionnement de notre société. Nous sommes constamment tournés vers l'extérieur. Quand nous arrivons sur terre, durant plusieurs années, nous avons besoin de l'extérieur pour assurer notre survie. Le bébé ne peut pas survivre sans la présence des autres. Mais malheureusement, dans notre société, nous n'avons pas l'enseignement qui nous ramène vers l'intérieur. Les adultes nous maintiennent dans un regard tourné vers l'extérieur. C'est comme cela dans notre société, mais il y en a d'autres où l'enfant est habitué à rester en contact avec sa sagesse intérieure. Nous n'écoutons pas les enfants, c'est l'adulte qui sait, ce qu'il faut manger, comment il faut être. Plus nous grandissons et plus nous nous sentons incompétents pour décider de ce qui est bon pour nous. Je vous raconte une expérience avec mon fils quand il avait environ huit mois. Il avait une forme de sinusite qui ne passait pas. Le médecin que j'ai consulté m'a prescrit un médicament pour asthmatique, avec un masque. Mon fils, habituellement docile aux traitements que je lui donnais, a manifesté fortement sont désaccord, en criant, en gesticulant. Même son père n'a pas réussi à lui donner ce médicament. Cela nous a semblé inconcevable de traumatiser notre fils pour le soigner. Je retourne chez le médecin, me sentant un peu mère incapable de soigner son enfant. Mais le médecin, un remplaçant, cette fois-ci, m'a dit que ce n'était pas le bon médicament, et il m'a prescrit des gouttes que mon fils a très bien acceptées, même si ce n'était pas forcément plus agréable. Cet exemple pour dire que mon fils me signalait que ce n'était pas le bon médicament. Cela m'a fait réaliser que mon fils savait des choses que je ne savais pas et que je devais être à l'écoute de ce qu'il manifestait, même tout petit. Un enfant qui fait une crise, l'habitude est de lui montrer que ce n'est pas comme cela qu'on agit. Mais l'enfant a une sagesse innée. Même s'il est souvent utile de se tourner vers l'extérieur, gardons toujours notre discernement pour vérifier si ce qu'on nous amène comme information vibre avec ce que l'on ressent.

    Mais revenons à cette capacité que vous avez d'accompagner les personnes sur leur chemin vers la mort, qu'est-ce qui vous a amenée à penser que le passage a besoin d'un accompagnement, est-ce une nécessité pour tout le monde ?

    Ce que je comprends aujourd'hui des recherches que j'ai faites, que l'on soit dans le passage de la mort, que l'on soit sur terre ou que l'on soit dans le passage de la naissance, les besoins de l'âme sont exactement les mêmes. Nous demeurons les mêmes dans notre essence et les besoins sont les mêmes. Plus on est proche de la matière dense, de la terre, que l'on soit dans le processus d'incarnation ou dans le retour de l'autre côté, plus nous sommes imprégnés davantage de peurs et d'angoisse, ce qui fait que nous avons besoin d'être accompagnés dans ces transitions. Les passages nécessitent un accompagnement et plus nous comprendrons ce qui se passe au niveau énergétique et au niveau des besoins de l'âme, plus les actions seront adéquates. Actuellement nous ne regardons la naissance que sous l'angle matériel, c'est comme un acquis, c'est la joie, alors que l'âme qui s'incarne a peut-être besoin de soutien.

    Pourquoi ne se souvient-on pas de ce qui se passe avant ?

    Il peut y avoir plusieurs réponses à cette question. Je dirais que c'est comme quand nous sommes étudiants et que nous nous présentons à un examen, nous n'avons pas connaissance des questions avant de passer l'examen. Si c'était le cas, l'examen ne serait plus le même. Le fait de ne pas savoir ce que l'on est venu expérimenter permet de le faire beaucoup plus librement et dégagé de toutes les histoires du passé et de toutes les influences des autres vies. Nous sommes dans un monde de dualité et c'est l'effet de la matière qui vient brouiller ce monde-là. Plus on apprend à se connecter à la voie du cœur, plus la connaissance globale nous est redonnée. La frustration de ne pas se souvenir nous incite aussi à se poser des questions et à trouver une manière d'accéder à cette connaissance.

    J'ai lu sur votre site que vous vous appuyez sur les récentes recherches de la science moderne, quantique et ésotérique, y aurait-il aujourd'hui une preuve scientifique de l'existence de l'âme ?

    Non, parce que nous n'avons pas d'outil pour mesurer ce qui est intangible. Avons-nous une preuve scientifique de l'existence de l'amour, non, nous ne pouvons pas mesurer ce qu'est l'amour, mais nous savons que cela existe. La présence de l'âme ne se mesure pas avec les moyens et les outils que nous avons actuellement. Ceux qui prétendent que l'âme n'existe pas n'ont pas plus de preuve que ceux qui prétendent qu'elle existe. Ce n'est pas parce que ce n'est pas mesurable que ça n'existe pas.

    Vous animez un atelier "Communiquer avec l'âme". Que peut apporter cet atelier et à qui plus particulièrement est-il destiné ?

    Merci d'aborder cette question. L'atelier a pour but d'amener des outils de compréhension de la communication avec l'âme et des moyens pratiques pour la mettre en application. Il s'adresse à toute personne qui désire entrer en relation avec son âme. Tout le monde a une communication avec son âme. Quand mon regard est orienté vers autre chose, je peux manquer beaucoup d'informations qui viennent de mon âme. Depuis dix ans que je donne cet atelier, 95 % des gens quittent en disant: "Je communique avec mon âme mais je ne le savais pas." Il s'agit d'expérimentation pour découvrir le ressenti dans le corps physique.

    Vous êtes également écrivain, vos livres traitent principalement de la venue sur terre, du dialogue avec les âmes et de ce qui se passe après la mort, en aurais-je oublié ? Avez-vous un projet pour un prochain livre ?

    Oui, mon prochain livre parlera plus de l'importance de la naissance dans notre quotidien. Nous ne sommes pas toujours conscients de l'importance de ce qui s'est passé au moment de notre naissance et à quel point on répète toujours les mêmes scénarios, jusqu'à ce qu'ils soient mis en conscience. Je n'ai pas encore écrit sur le sujet et ce thème sera l'objet de mon prochain livre. Dans le dernier, "mourir l'âme en paix" je parle du passage et de ce qui se produit après. Le prochain sera comme l'autre côté de la médaille.

    Êtes-vous heureuse Sylvie Ouellet ?

    J'adore la question et je vous dirais que je le suis de plus en plus. Avant la méditation, ma vie n'avait aucun sens. J'ai traversé un passage très difficile. Et depuis, plus je m'intéresse à la naissance, plus je m'intéresse à la mort, plus ma vie prend de sens, et plus je m'épanouis et j'accède au bonheur. Il y a quelques années je vous aurais répondu spontanément oui, puisque mon niveau de bonheur s'est décuplé. Aujourd'hui je réponds, de plus en plus, parce que je me rends compte que mon niveau de bonheur augmente.

    Avez-vous autre chose à nous dire ?

    J'ai hâte d'être parmi vous. Pour moi c'est une source d'informations importante et riche. J'aime connaître comment les gens voient la naissance et la mort dans différents pays. Ça me donne à réfléchir et à avancer dans mes recherches. À chaque fois pour moi c'est une source de joie. 

    Merci Sylvie Ouellet

    Christiane Kolly - 25 octobre 2015


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  • Colette Portelance

    Bonjour Colette Portelance, un père cultivateur et une mère institutrice, cela vous a donné une bonne base pour la vie ?

    Une excellente base, pas seulement grâce à leur travail, mais surtout grâce à ce qu'ils étaient. J'ai vécu dans une ferme, dans la nature, les bois, le ruisseau, les oiseaux, les étoiles. Mon père m'enseignait les constellations, j'avais une qualité de relation extraordinaire avec lui. C'était un homme de relation et les gens venaient à la maison pour lui parler. Il avait une grande capacité d'écoute. Sans avoir eu accès à beaucoup d'instruction, c'était un philosophe qui adorait lire, nous lisions parfois les mêmes livres pour pouvoir ensuite échanger nos points de vue. C'est certainement pour cette raison que j'ai par la suite consacré ma vie à la relation, j'ai eu de bons maîtres.

    Votre nom me donne une image, en avez-vous cherché la signification et cela a-t-il eu une influence dans votre vie ?

    Oui, c'est mon nom de fille. Quand je me suis mariée, j'ai pris le nom de mon conjoint, mais je n'ai pas pu le garder, je ne me reconnaissais pas. Mon prénom également je l'apprécie, celui d'un grand écrivain. Notre ancêtre venait de Normandie, probablement du domaine militaire.

    Qu'est-ce qui vous a fait passer de l'enseignement à la relation d'aide ?

    Cela a toujours été ma passion, la relation. Adolescente, je priais pour rencontrer un conjoint avec qui il n'y aurait pas de problèmes relationnels. Ça peut faire rire, parce que des difficultés j'en ai eues comme tout le monde. J'ai cherché, lu des livres, suivi des ateliers, toujours pour améliorer cette relation. Après avoir enseigné à l'école secondaire, j'ai créé sur la base de l'approche non directive créatrice, la formation professionnelle en relation d'aide à Montréal. J'avais une mère institutrice et à l'époque les femmes laissaient leur travail quand elles se mariaient. Ma mère, enseignante-née a souffert d'être éloignée de l'enseignement et je l'ai vue revivre quand elle a repris sa carrière. Elle m'a communiqué ce goût de l'enseignement. C'est vrai qu'à l'époque, les filles étaient infirmière, enseignante ou secrétaire. Je suis l'aînée d'une fratrie de 7 enfants et je jouais à la maîtresse d'école avec mes frères et sœurs. Aujourd'hui, j'anime toujours des ateliers.

    L'écriture occupe une grande place dans votre vie, c'est un métier de solitaire, la formation c'est vivre au milieu de beaucoup de gens, vous avez fait une pause à un moment donné, qu'en est-il ressorti ?

    Oui, j'ai dû tout arrêter à cause d'une maladie auto-immune, je me suis retrouvée en chaise roulante, ni mes jambes, ni mes bras ne voulaient fonctionner, je n'avais pas assez écouté mon corps. J'ai traversé cela comme le reste, avec acceptation. J'aime lire, écrire et mon besoin de relation a été satisfait car mon conjoint a pris soin de moi, et bien des gens passaient à la maison, je suis chanceuse. Bien sûr que cela a été difficile, je ne savais pas que j'avais les ressources, j'ai été découragée, j'ai pleuré aussi, mais j'ai vécu avec cela comme le reste, dans l'apprentissage de l'acceptation.

    La vie de couple, une base dans votre enseignement, quels conseils donnez-vous aux amoureux qui désirent avoir une belle relation ?

    Au pluriel j'imagine ? Rires ! Je pourrais en parler des heures. La première chose c'est l'investissement, avec votre cœur, tout ce que vous faites avec tout votre être, ça donne de bons résultats. Le couple, c'est comme le travail, les enfants, les amis, ça demande de s'en occuper, d'en prendre soin, d'y consacrer du temps. Des têtes à têtes, de la communication, cela est fondamental.

    Une de vos conférences est "Être prisonnier d'un système relationnel", pouvez-vous en quelques mots déjà nous éclairer un peu ?

    Il s'agit de regarder de près des fonctionnements entre des personnes, un couple, une famille, un groupe de travail ou une équipe. Les réactions des personnes arrivent en fonction de leurs blessures, de leurs besoins, de leurs réactions défensives, si ces blessures ne sont pas entendues, si ces besoins ne sont pas satisfaits. Il existe des systèmes harmonieux et d'autres dysharmonieux. Si dans une relation, l'autre réveille vos blessures d'humiliation, de culpabilité, d'infériorité, d'abandon, d'exclusion, de rejet, de dévalorisation, d'incompréhension, blessures qui viennent de vos expériences d'enfant et d'adolescent surtout, si votre ami, votre père, votre patron réveille une de vos blessures, et que vous, vous n'êtes pas à l'écoute de ce que cela vous fait vivre, la réaction spontanée, naturelle et normale de tous les êtres humains, c'est de se défendre. On se défend soit par des mécanismes tournés contre nous-mêmes, le refoulement, la rationalisation, la banalisation, ou des mécanismes tournés contre l'autre, le reproche, la critique, la menace, l'attitude de victime qui permet d'obtenir une forme de pouvoir sur l'autre. On est blessé, on se défend, l'autre réagit et se défend aussi. C'est une escalade qui amène au moment où on ne peut même plus se parler. Dans une relation, quand l'autre ne touche pas vos blessures et que vos besoins sont satisfaits, tout va bien, mais ça peut ne pas durer. Dans la conférence, je développe ces différents systèmes relationnels : bourreau/victime, abandonnique/déserteur, envahisseur/envahi, sauveur/affligé, manipulateur/manipulé, ange/démon, dominateur/dominé, juge/coupable, supérieur/inférieur pour les principaux. Je parle de ce qui caractérise par exemple le bourreau et la victime, de ce qui se passe entre eux et du pourquoi ils se sont attirés l'un vers l'autre.

    On parle de nos jours de pervers narcissique ou de relation toxique, c'est terrible de qualifier quelqu'un de la sorte, qu'en pensez-vous ?

    J'aime bien votre question. Chaque maladie psychologique a ses racines dans une blessure qui n'a pas été entendue. La psychose est le mécanisme de défense ultime. Il est vrai que ce sont des êtres avec qui la vie est très difficile parce qu'ils sont complètement coupés de leurs souffrances et de leurs blessures, avec souvent une très grande dévalorisation, par l'infériorisation, par l'abandon. Ils se défendent comme ils peuvent. Ils sont complètement coupés de leur ressenti. Tout cela est bien triste.

    Lequel de ces systèmes vous concerne le plus ?

    Dans ma relation de couple, c'est envahisseur/envahi. Le mécanisme activé varie en fonction des situations et en fonction des relations aussi. J'explique tout cela dans mon livre "De quel système relationnel êtes-vous prisonnier ?"

    Il existe les 5 blessures de l'âme, l'analyse transactionnelle avec parent/enfant/adulte ou la numérologie et tant d'autres manières de se regarder le nombril. En quoi votre approche est-elle différente ?

    La première chose que je trouve importante, c'est d'être en relation avec soi ici et maintenant. Si ce n'est pas le cas, le thérapeute peut confondre avec son propre vécu, tomber dans l'interprétation. Certains ont tout compris au niveau du mental, mais seront incapables d'appliquer quoi que ce soit. Cela peut demander des années de travail sur soi pour parvenir à vivre ici et maintenant. La deuxième chose, on différencie les obstacles intérieurs et les obstacles extérieurs à la communication. On parle de blessure éveillée par l'autre, mais le problème ne vient pas du déclencheur, de celui qui a éveillé la blessure, on le tient pour responsable alors qu'il ne l'est pas. L'obstacle intérieur, c'est la blessure, c'est l'émotion, la peur, la honte ou la culpabilité et cela appartient à la personne et non au déclencheur. Nous avons du pouvoir sur ce qui se passe à l'intérieur de notre être, et toute tentative de changer l'autre ne servira à rien. Autre chose, quand j'enseigne, il y a des règles que j'entends faire respecter. L'atelier commence à neuf heures et pas à neuf heures trente. Les travaux demandés doivent être remis. Une personne ne peut pas participer à un atelier sur la défensive, elle s'investira avec les autres, dans sa vérité profonde en prenant conscience de ses mécanismes de défense.

    Nous nous étions rencontrées en 1999 déjà lors d'une conférence "La liberté dans la relation affective ?" ici à Fribourg, à la librairie Bien-Être. Une des conclusions était : La source de la souffrance se trouve souvent dans le passé. Aujourd'hui, maintenez-vous cette affirmation ?

    Je ne suis pas d'accord pour fouiller dans le passé à longueur de temps. Je travaille comme je l'ai mentionné avec l'ici et maintenant. Mais si une souffrance du passé est réveillée, parce qu'elle est à l'origine de la souffrance d'aujourd'hui, elle sera traitée. Ce n'est pas nécessaire d'aller creuser dans le passé, pour finalement rendre père et mère responsables, qui eux à leur tour rendront père et mère responsables de leurs maux, cela nous rendrait plus malheureux alors que ce que l'on recherche, c'est le bonheur et il se trouve dans l'ici et maintenant.

    "Ma vie, mon chef-d’œuvre", vous animez cet atelier. Suivre cet atelier peut apporter quels bienfaits ?

    Tout ce que je viens de vous dire, être à l'écoute de soi, apprendre à être en relation avec les autres dans la communication authentique. Ce sont nos relations qui nous ont amenés des affects négatifs et c'est par la relation que nous pourrons transformer cela en affects positifs. C'est mon principe de base. Le titre "Ma vie, mon chef d'œuvre" c'est pour dire : je ne subis pas ma vie, je la crée. Je ne me laisse pas mener par toutes sortes de choses, j'ai tout pouvoir de choisir et bien davantage que ce que l'on croit en général.

    Pouvez-vous nous donner vos 3 conseils les plus importants pour vivre harmonieusement ?

    Le travail sur soi, l'écoute de soi, l'amour de soi, l'acceptation. Si je m'accepte à 50 pour cent, je m'aime à 50 pour cent. Les parties de moi que je n'accepte pas, qui me font honte, que je veux cacher, ce sont celles qui hurlent au fond de moi et qui ont besoin d'être acceptées. Dans une relation ce sont des parties auxquelles l'autre n'a pas accès, et la relation n'est pas authentique. Stop aux jugements sévères sur soi-même. L'acceptation de tout ce que je suis, la liberté est à ce prix-là et nulle part ailleurs. Plus je m'accepte, plus je m'aime et plus je serai capable d'être responsable. La responsabilité sans l'acceptation ne dure pas. Le cœur du travail c'est l'acceptation aussi et surtout des parties de nous-mêmes que nous avons pris l'habitude de refouler par peur de ne pas être corrects et en conséquence par peur de ne pas être aimés.

    Êtes-vous heureuse, Colette Portelance ?

    Je peux vous dire que, maintenant, oui je suis heureuse. Le bonheur ce n'est pas l'absence de souffrance, le bonheur c'est une façon de vivre avec ce qui est là, une capacité d'assumer, d'accueillir de composer avec ce qui est, autant avec ce qui est bon qu'avec ce qui l'est moins. Oui, je suis heureuse parce que j'ai appris à composer avec ce qui est. Chercher une vie amoureuse, relationnelle ou personnelle où la souffrance est exclue, c'est une illusion. Quand les déclencheurs de nos blessures sont là, c'est pour nous aider à devenir de meilleures personnes.

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    J'ai bien apprécié cet entretien et me réjouis de vous rencontrer.

    Merci Colette Portelance

    Christiane Kolly - 8 octobre 2015


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  • visite a la grand-mere

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  • avant maintenant amour de soi

    S'aimer vraiment, c'est aimer chaque parcelle de soi-même, même et surtout les plus sombres, celles que nous tentons de faire taire ou de cacher.

    Nous sommes tous pareils, il y a au fond de nous des parties que nous n'aimons pas.
    Prenons l'exemple de ce jeune homme qui déteste son côté lent, qui aimerait parfois se laisser aller à flâner, à ne rien faire, mais pour Dieu sait quelle raison qui lui appartient, il estime que ce n'est pas bien de ne rien faire, d'être oisif, de se donner du bon temps. Alors il est "vite" comme disent les canadiens, il a des gestes rapides et précis, il est souvent pressé, voire stressé. Quelle peut être sa croyance ? Si tu prends ton temps, si tu es lent, tu n'avanceras pas dans la vie, être lent, c'est être un incapable, au final. Et pourtant, c'est dans ces moments de flânerie, de légèreté que l'être intérieur peut le mieux s'exprimer. Et vous savez, derrière une peur ou une croyance, il y a toujours un besoin à combler qui est bloqué. Dans ce cas, un besoin de développer plus son côté artiste, de le laisser s'exprimer, peut-être... Seule la personne elle-même pourrait nous dire ce que cache le fait qu'elle n'aime pas son côté lent.
    Aimer chaque parcelle de soi-même, quel beau programme, quelle belle aventure aussi, de prendre la décision suivante : dorénavant, je vais être plus alerte à mes pensées, et quand mon Yago, mais oui l'égo, commence à chauffer, à me dire : ne fais pas ceci, ne fais pas cela, fais ceci comme ci, fais cela comme ça, je vais aller examiner l'autre côté et me poser la question : mais pourquoi ? De quoi ai-je peur ? D'être jugée de quoi ?
    Vous trouverez j'en suis certaine et c'est cette partie-là de vous qui crie, qui veut aussi sa dose d'amour. Mais oui, la meilleure thérapie pour l'homme, c'est l'amour, et si ça ne marche pas, augmentez la dose !
    Christiane Kolly - 1er octobre 2015
     


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  • cooperer 2 anes

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  • lotus

    La perte d’un être cher, est un cheminement auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre. C’est un processus normal, universel, auquel nous sommes confrontés depuis toujours.
    Nous pouvons tous envisager la perte d’un être proche, mais elle parait acceptable si la personne est âgée, a bien vécu, meurt tranquillement dans son lit durant son sommeil, entourée de ces enfants, sans souffrances, en Paix… Mais, tous les jours nous voyons que le départ ultime se passe aussi de manière abrupte, sans avertissement : pour des enfants, des personnes en bonne santé, seules, dans des souffrances quelques fois terribles.
    La perte d’une personne par suicide est une mort où les questions, les colères très souvent vont nous accompagner face à ce geste . Les "est-ce que j’aurais dû, pas dû ?", viennent et reviennent, sans cesse. La colère aussi : on en veut à tout le monde, à soi, à ceux qui étaient là autour de la personne, à Dieu (Dieu signifiant une conscience supérieure et non un Dieu relié à une religion spécifique), qui a laissé faire ça, à la vie etc… Parce que le départ  sous cette forme est brutal, violent et nous met face à notre impuissance, nous questionne sur notre attitude avec la personne avant son départ. 
    Et souvent la peur aussi est là : la famille, les proches ouverts à une autre vie après la mort, ont peur que la personne partie souffre encore, qu’elle soit condamnée par son geste. C’est un poids supplémentaire, que d’affronter le quotidien face au regard culpabilisant d’une société q ui juge cette forme de départ.

    Il devient alors important, voir urgent, de se rappeler que, quel que soit notre intervention, elle n’aurait pas empêché le geste de la personne. Nous ne pouvons être à la place de l’autre. Nous pouvons que respecter le choix de partir de cette personne et sa manière de le faire.
    Puis, laisser aussi du temps au temps : après la tempête, le calme finit par revenir. L’apaisement et l’acceptation aussi, même si pour y arriver le chemin n’est pas facile : il est important de ne pas rester seul et demander de l’aide, de l’écoute et du soutien. Si l’on a une croyance spirituelle, prier ou retrouver une communauté peut aussi vous aider dans votre processus.

    Le deuil, n’est pas une maladie, mais peut le devenir. Nous avons là l’occasion d’une entraide nécessaire au grandissement de chacun dans le processus du deuil. Faire le deuil nous demande alors de prendre soin de soi, de créer ce mouvement  qui se tourne à l’intérieur, pour apprendre, comprendre et transformer. C’est oser dire sa peine, demander de l’aide, parler, partager.

    C’est aussi l’occasion pour les personnes et la société qui nous entourent, de porter attention à l’autre, par une parole, un geste, une présence, un temps qui permet l’apaisement. Ce temps permet de revenir, de cultiver des valeurs d’entraide dans la société.

    Trop souvent encore, liés aux religions, des médiums ou autres pensent qu’une personne morte violemment, souffre et erre, ne pouvant alors recevoir de contacts, puisque la personne est condamnée, mais n’est-ce pas les personnes vivantes qui condamnent, par leurs croyances ?
    Notre corps au moment du départ devient un habit usé à laisser dans le monde physique, pour retourner à une totale liberté. Retrouver cet espace sans limites humaines, retrouver cette source de là où nous venons, de là où nous retournons tous, quelle que soit notre attitude de vie, quelle que soit notre manière de partir. Il se pourrait que personne ne soit condamné à errer, mais tous à évoluer. 

    La médiumnité pour aider au deuil, oui, quand elle permet la rencontre au niveau de l’âme, pour se dire au revoir, pour comprendre, pour laisser la place à chacun, vivant et mort là où nous sommes. La médiumnité, oui, quand elle permet de pardonner et guérir, ce qui n’a pas été dit ou fait durant la vie commune lors du passage sur terre, lorsqu’elle permet à chacun de continuer son chemin et d’avancer dans son deuil, pour remercier de ce vécu commun. 
    De savoir que la vie continue après la vie, permet de donner du sens à nos épreuves et la perte d’un être cher est une épreuve, nous devons continuer à vivre, sans . 
    Elle permet de nous rendre attentifs, à comment je souhaite vivre maintenant, de prendre soin de nos relations vivantes, déjà celle à nous même, puis à nos proches dans l'épreuve ! 
    La mort nous met face à nous, qu’est-ce je souhaite apporter à ceux qui m’entourent maintenant, quel sens je souhaite donner à la perte que je vis.

    Mais surtout, comment je souhaite traverser ma vie, aujourd'hui ?

    Moniq Clerc - www.lavoixdelame.ch


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  • parapluies toutes les couleurs

    SILENCE, ON TOURNE...

    Les temps des silences sont comme des respirations, des parenthèses :

    des mises en valeur des sons que nous aimons

    et des soulagements de ceux qui nous indisposent...! 

    Merci Sylvie Provencher


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  • le bonheur est la seule chose

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