• Conversation avec mon dos

     

    En bleu, c'est la personne, en rose, c'est la partie du corps

     

    Tout va de travers, je suis fatiguée et j'en ai vraiment [plein le dos].

    Comment plein, je ne suis pas gonflable, que veux-tu dire par-là?

    [Et si j'en avais deux, ils seraient les deux pleins].

    Je crains de ne pas comprendre. Tu me mets dans une terrible confusion. Que dois-je faire avec cette phrase, de la compression? Une tension extrême?

    Comment cela? Je parle de ce qui se passe dans ma vie actuellement et c'est une expression, ne le prends pas à la lettre.

    C'est toi qui mélange tout.

    Parce que la phase suivante, c'est le [dos bloqué]? J'en ai entendu parler!

    A force de tension, je suis bien obligé de tout bloquer, pour éviter une catastrophe plus grave, du style paralysie.

    Pardonne-moi, j'oublie souvent combien tu m'es précieux, je parle à tors et à travers, je suis prise dans le tourbillon de ma vie et j'oublie l'essentiel, soigner mon bien.

    Heureux de te l'entendre dire. Je te rappelle que je suis la colonne centrale et comme toute colonne, je suis un soutien pour toi.

    Je profite de l'occasion, dis-moi pourquoi le bas du dos, le creux me fait mal parfois.

    Que portes-tu sur moi? Tu te charges de problèmes qui ne sont pas les tiens. Tu as la prétention de savoir comment aider les autres. Aide-toi toi-même. Tu [prends sur toi] les colis d'autres personnes, pourquoi?

    Je suis une personne généreuse, je m'inquiète du bonheur des autres, de leur évolution, j'ai envie de les éveiller à une conscience d'eux-mêmes.

    Tu as une mission sur terre?

    Et pourquoi pas, les habitants de la terre sont devenus inconscients. Quinze personnes sur cent ne mangent pas encore à leur faim alors que d'autres meurent parce qu'ils mangent trop.

    Oui, c'est beau de s'inquiéter de l'injustice. Et que fais-tu pour améliorer cela?

    Je m'indigne, et il y a bien d'autres sources d'indignation. Par exemple, les pays dits industrialisés n'ont plus le temps de s'occuper de leurs vieux. Il y a bien des risques pour que je finisse, comme la majorité des gens de ma génération, dans un établissement où il n'y aura que des vieux.

    Voilà un autre problème effectivement, mais que fais-tu pour améliorer cela?

    Mais je m'indigne. Et puis, il y a aussi tous ces gens qui ne vivent que dans le matériel, ils n'ont aucune conscience de leur âme. Ils croient qu'ils ne sont que leurs corps.

    Et ça change quoi dans ta vie à toi? La faim, c'est très éloigné de toi, la vieillesse, ce n'est pas pour tout de suite, alors réponds, que fais-tu pour changer les choses?

    J'en parle, mais concrètement, il est vrai que ma contribution à améliorer l'équilibre alimentaire dans le monde est bien minime. Quant aux personnes âgées, j'ai beaucoup de respect pour ceux et celles qui ont fait leur métier de s'occuper de nos aînés, mais ce n'est pas ma voie.

    Heureux de l'entendre. Tu prends conscience que tu ne peux pas tout faire. Et de toute manière, tout être humain est, à la base, égoïste.

    Comment peux-tu dire une chose pareille?

    Pourquoi une seule idée germerait-elle dans la tête de quelqu'un si ce n'est pour le satisfaire?

    Aider les autres, faire preuve de générosité, donner de son temps, donner de son argent, donner de l'attention, voilà bien de l'altruisme absolu.

    Cela n'existe pas, si l'idée a germé dans la tête de l'individu, c'est parce qu'il attend quelque chose en retour, cela peut être la reconnaissance, une belle image de soi, de l'amour, de la tendresse, du partage.

    Mère Teresa a fait don absolu de sa personne, générosité pure?

    Prenons les choses sous un autre angle, la mission de Mère Teresa sur terre était peut-être d'aimer et d'agir pour les plus déshérités. N'est-ce pas une preuve d'intelligence d'avoir réussi sa vie en agissant comme elle l'a fait. Cette personne respirait la joie de vivre, malgré les difficultés, malgré le milieu précaire où elle vivait. Réussir sa vie, qui peut en dire autant? Et sans les déshérités, Mère Teresa n'aurait pas réussi sa vie.

    Elle aurait certainement trouvé autre chose.

    C'est vraisemblable. Mais revenons à toi et ton mal de dos. Charité bien ordonnée commence par soi-même, avant de vouloir éduquer les autres occupe-toi de tes affaires. As-tu conscience que le fait de t'inquiéter de la faim, de la vieillesse, des malheurs du monde pourrait bien cacher autre chose?

    Si je reprends l'inquiétude à mon compte, j'aurais peur?

    Tu as peur, peur pour ta survie, peur du lendemain, et c'est une manière de penser qui n'est pas bonne pour nous deux!

    Je reconnais que l'existence me paraît parfois bien lourde à porter. Je voudrais pouvoir m'appuyer davantage sur quelqu'un, sur l'homme, mais la vie jusqu'à maintenant m'a prouvé que ce n'était pas possible.

    Ta peur de manquer de soutien t'a donné raison. Regarde-la en face. Accepte-la. Parle-lui comme à un petit enfant. Dis-lui que dorénavant tu veux faire confiance à la vie, tu veux croire qu'elle peut devenir plus simple. Petit à petit, ta peur diminuera, la vie te semblera plus légère et je n'aurai plus de raison de [grincer].

    Tu es un merveilleux signal d'alarme alors?

    Je suis un membre de ta [famille]. Reconnais aussi que tu peux demander de l'aide. Accepte que tu ne peux pas toujours tout faire seule. Aie l'humilité nécessaire pour le dire et demander l'aide dont tu as besoin. Tu veux aider? Belle perspective. Prends exemple sur Mère Teresa. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas faire les choses seule et n'hésitait pas à demander, avec force conviction.

    D'accord, je prendrai tes grincements pour des rappels de tout cela.

    Je suis là pour te soutenir et pour te servir.

    Il m'arrive d'avoir mal dans le haut du dos, entre les bras, pourquoi tu m'envoies cela?

    Avec tes bras, tu fais. Tu aimes faire pour les autres, mais quelle est ta motivation?

    Par exemple, j'écris ce livre pour contribuer à éveiller les gens à leur conscience d'être spirituel, pour qu'ils reprennent contact avec leur âme d'enfant, là où la conscience n'a pas encore été polluée par toutes les formes de paradis artificiels, là où le monde du rêve a la première place.

    Et pourquoi fais-tu cela? Quelle est ta motivation?

    Je veux rendre le monde meilleur!

    Et que te rapporterait cet acte? Qui es-tu pour prétendre savoir comment améliorer le monde?

    Je veux contribuer à rendre les gens plus heureux, plus éveillés à la conscience de l'être. Je l'ai expérimenté moi-même cette manière de regarder les choses et je sais que cela a été bon pour moi. J'en déduis que je peux en faire profiter les autres.

    Et quel est le cadeau pour toi?

    Tu insistes vraiment. Le cadeau? La joie de me rendre utile, la satisfaction d'utiliser mon énergie pour améliorer le bien-être des gens.

    Le cadeau pour toi?

    De la reconnaissance. Etre reconnue comme quelqu'un d'intelligent, qui a osé laisser le domaine commercial, la bonne situation, pour se lancer dans un domaine plus aérien, du côté de l'esprit. Personne courageuse et intelligente, capable de voir dans des idées nouvelles, une base pour un avenir meilleur.

    Et pourquoi ces douleurs au milieu des épaules?

    Le cadeau n'est pas encore venu. C'était un mauvais calcul, une manière de penser pas bonne pour moi. Je ne suis pas reconnue comme courageuse, intelligente, avant-gardiste.

    Et quelle est la leçon, ici, selon toi?

    J'ai lié les deux choses. L'idée a été : je vais donner des cours de développement personnel, recevoir des clients en entretiens d'aide et écrire un livre pour être reconnue comme courageuse, intelligente et avant-gardiste.

    Et quel est l'ajustement nécessaire?

    J'écris ce livre parce que je crois avoir un message à faire passer. J'écris ce livre pour que ceux qui me feront l'honneur de me lire puissent en retirer quelque chose. J'amène ainsi ma contribution sur cette terre à l'éveil des gens.  

    Et si le livre n'est pas ou peu lu?

    Cet exercice me sert. J'en suis la première bénéficiaire puisqu'il permet ces conversations, puisqu'il m'oblige à me regarder pour mieux me comprendre, pour dépasser mes peurs, pour démasquer les habitudes que j'ai prises et qui ne sont pas bonnes pour moi, pour mon évolution, pour mon éveil.

    Tu as vu la différence, bien! Et que fais-tu de ton envie d'être reconnue comme courageuse, intelligente, avant-gardiste?

    C'était peut-être pour régler des comptes avec certains membres de ma famille.

    Peut-être, tu dis?

    J'enlève le peut-être. Il s'agit de cette éternelle envie de briller, d'être la meilleure. C'est le rôle que j'ai joué depuis ma plus tendre enfance, le rôle de celle qui apprend facilement, celle qui réussit ce qu'elle entreprend, qui s'en sort dans les difficultés parce qu'elle est forte.

    Stop, je sais. Maintenant, tu peux l'ôter ce costume, tu n'en as plus besoin, tu peux te montrer telle que tu es, avec ta vulnérabilité parfois, ton besoin d'aide, ton besoin de soutien.

    Facile à dire. Je connaissais les règles du rôle de la [femme forte]. Je me décape. J'ai l'impression qu'il y a plusieurs couches et parfois je fais de la résistance. Je ne connais pas le nouveau rôle.

    Il ne s'agit pas de jouer un autre rôle. Il s'agit de trouver qui tu es.

    J'entends bien, il y a encore du chemin à faire.

    Comme disait Confucius [Il faut que le disciple de la sagesse ait le cœur grand et courageux. Le fardeau est lourd et le voyage est long.] Et nous sommes toutes là, les parties de ton corps pour t'aider à y parvenir.

    Quelles merveilles, elles savent parfois mieux que moi ce qui est bon pour moi.

    Nous sommes une création magnifique en effet.

    Et qu'en est-il des douleurs sur le haut, vers la nuque?

    C'est la partie qui relie le corps à la tête, qui donne la souplesse de bouger de gauche à droite, d'en haut en bas, de se retourner ou de regarder en avant, en arrière.

    Je me souviens d'un torticolis, douleurs à chaque tentative de mouvement.

    Tu avais un choix à faire, une décision à prendre. Tu te braquais sur une idée, tu voulais absolument faire du développement personnel et rien d'autre, mais tu n'étais pas encore prête à ce genre de tâches.

    Et comment le savais-tu? Tu m'as fait souvent souffrir de la nuque, pourquoi?

    Tu fonçais, tête baissée, mais moi je savais les peurs que tu entretenais, je savais que tu t'entêtais, que tu forçais dans cette direction pour te prouver à toi-même mais surtout aux autres que tu pouvais le faire, alors que ce n'était pas encore le moment.

    Oui, j'avais peur de ne pas être à la hauteur.

    Crois-tu que c'était la seule raison? N'y a-t-il pas autre chose? La plupart des personnes de ton entourage te contredisaient. Du développement personnel, qu'est-ce que c'est, de la foutaise. Personne n'a besoin de développement personnel, cela se fait tout seul.

    Elles ne voulaient pas comprendre ce que je voulais leur expliquer.

    Et toi, voulais-tu entendre ce qu'elles avaient à te dire. Elles étaient simplement le reflet, le miroir de tes doutes. Soigner des malaises en recherchant leurs causes, voilà une idée saugrenue.

    Mais j'avais vérifié à plusieurs reprises par moi-même que c'était possible.

    Tu voulais leur prouver que tu avais raison, que tu avais fait le bon choix, sans en être certaine toi-même. Tes doutes étaient beaucoup plus grands que tu ne veux bien l'accepter aujourd'hui. Tu ne regardais que droit en avant, sans voir que ton chemin passerait par de la patience, par le regard à gauche ou à droite.

    Il est vrai que, quand les événements m'ont obligée à changer d'idée, les douleurs ont disparu.

    Je dirais plutôt, quand tu as attiré les événements qui t'ont permis d'y voir clair. Ici en l'occurrence, quand tu n'as plus eu un sou en poche, tu as repris un travail de secrétaire, ce qui t'a permis de respirer, de ne plus être sous tension, ce qui t'a permis de sortir de cette idée fixe.

    Et là, tu as lâché toute cette tension que j'avais dans la nuque depuis des mois.

    Elle n'était plus nécessaire, l'idée que tu te faisais de ton avenir était moins précise, il est vrai, mais ô combien plus confortable pour toi.

    Je te remercie, le dos, de ce soutien que tu m'apportes depuis toutes ces années.

    J'ai un dernier message pour toi, ce message que je répète souvent, aime-toi, aime ce que tu fais, aime qui tu deviens, aime chaque journée. N'attends pas que ton besoin quotidien d'amour soit comblé par les autres, donne-toi de l'amour, c'est aussi un commandement de Dieu. Et l'amour que tu recevras des autres, ce sera du surplus. Rien ne se perd jamais.

     

    Converser avec...

    votre corps, par les malaises et maladies,
    il a quelque chose à vous dire...

    Tiré du livre
    "Conversations avec mon corps"
    de Christiane Kolly

    Vous pouvez copier en mentionnant
    l'auteur et le site.

    www.christianekolly.ch

    bouche nez
    bras oreilles
    coeur peau
    cuisses pieds
    dos poumons
    estomac sang
    fesses seins
    genoux sexe
    gorge tête
    jambes ventre
    mains yeux

     


  • Commentaires

    1
    oserdire
    Mardi 6 Mai 2014 à 10:24
    Bonjour Christiane, J'aime beaucoup l'infolettre qui paraît chaque mois. C'est une richesse inépuisable. Aujourd'hui , je tombe sur la conversation avec mon dos. Beaucoup de similitude avec ma vie et mon expérience humaine, mes désirs sur le développement personnel, mon côté sauveur. Reconnaissance. Roge
    2
    ChristianeKolly Profil de ChristianeKolly
    Mardi 6 Mai 2014 à 10:30
    Merci Roge
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