Extrait du livre d’Annie Marquier
"Le Maître dans le Cœur"
Chapitre 1
Pour bien comprendre la dynamique intérieure humaine, nous utiliserons dans un premier temps une analogie très simple, bien connue des traditions de l’ancienne sagesse, et qui nous a déjà servi lors de nos précédents ouvrages. Nous la rappellerons brièvement ici afin de pouvoir l’utiliser pour éclairer notre sujet par la suite.
Selon cette analogie, la constitution de l’être humain est comparée à un ensemble formé d’une charrette, d’un cheval, d’un cocher dirigeant le cheval et d’un maître assis dans la charrette.
- La charrette représente symboliquement le corps physique.
- Le cheval représente les émotions.
- Le cocher représente le mental.
- Le maître représente l’essence de ce que nous sommes vraiment (conscience supérieure, âme, Soi supérieur, quel que soit le nom qu’on lui donne).
- L’ensemble physique, émotionnel et mental constitue ce que l’on appelle souvent la « personnalité », ou « ego ». Nous utiliserons ces termes indifféremment dans cet ouvrage.
Le corps physique : la charrette
Selon cette analogie, l’état du corps physique, la charrette, dépend de l’entretien que lui procure un cocher intelligent, mais aussi de la façon dont elle est menée par le cheval. Puisque l’état de notre corps physique est facilement observable et mesurable, celui-ci pourra donner de précieuses indications sur le degré de maîtrise que possède le cocher sur l’ensemble de son attelage.
Les émotions : le cheval
Dans le terme émotion, il y a « motion », c’est-à-dire mouvement. Ce sont les émotions qui permettent la mise en mouvement, et ceci à travers le phénomène du désir. Si les types de désirs peuvent être très divers (et nous en discernerons deux grandes catégories), il n’en reste pas moins que le terme « émotions » représente dans son essence un vaste réservoir d’énergie accessible à l’être tout entier. C’est pourquoi, dans cette analogie, le cheval représente les émotions : c’est lui qui possède l’énergie nécessaire pour tirer la charrette. Il constitue donc un élément essentiel pour la réalisation du voyage.
Comment ce réservoir d’énergie est-il utilisé ? Cette question est d’une importance majeure et nous découvrirons entre autres au cours de cet ouvrage l’art d’utiliser ce grand réservoir, l’art de la maîtrise émotionnelle.
Le mental : le cocher
Le mental est le siège des processus de la pensée. Nous trouvons là aussi un aspect double et très complexe de l’être humain. Grâce au développement de son intelligence, les fonctions du cocher sont en principe les suivantes :
1) transmettre au maître les informations provenant de l’extérieur;
2) entendre les directives du maître en réponse aux informations transmises;
3) être capable de bien maîtriser le cheval et le mener dans la direction indiquée par la réponse du maître;
4) prendre soin intelligemment de la charrette.
Nous comprenons donc à quel point le rôle du mental est important, puisque c’est lui qui doit constituer le lien entre le Soi supérieur et l’ego, et faire en sorte que l’ego puisse exprimer concrètement la volonté du maître dans ce monde. Soulignons que cette analogie met en évidence un élément majeur relatif aux émotions : le comportement du cheval dépend essentiellement de la façon dont il est dirigé par le cocher. Cela signifie que nos états émotionnels sont en grande partie tributaires de nos pensées et non de ce qui se passe à l’extérieur de nous, comme nous le croyons habituellement.
L’essence de l’être, l’âme : le maître
La philosophie matérialiste nie pour le moment l’existence de cette essence de l’être humain. En revanche, toutes les traditions et l’expérience même de la vie nous rappellent que, s’il est évident que nous possédons un corps physique, des émotions et des pensées, il est tout aussi évident que nous sommes quelquechose d’autre. Les noms attribués à cette partie essentielle de l’être sont aussi divers que les cultures elles-mêmes. Notre culture judéo-chrétienne se réfère à cette partie sous le terme “âme”. Nous emploierons donc parfois ce terme qui nous est déjà familier, non pas dans son sens religieux (qui y est inclus d’une certaine façon à son meilleur), mais dans celui d’”essence”, comme dans l’”âme de toute chose”. Il nous arrivera aussi d’utiliser le terme “Soi”, puisque c’est cette partie que nous sommes vraiment.
Le “soi”, ou l’âme, que nous aurons l’occasion de découvrir plus précisément, est considéré dans ce modèle comme cet aspect de l’être humain porteur des plus hautes qualités du coeur et de l’esprit qui puissent se concevoir. Si ce concept peut pour le moment sembler vague, nous verrons plus loin que le contact conscient avec la véritable source de ce potentiel peut devenir très concret.
Au cours de cet ouvrage, nous constaterons que les récentes découvertes de la science commencent à révéler la possibilité de l’existence de cette partie subtile – mais combien active et puissante – ainsi que la pertinence de ce modèle de départ.
Comme dans toute démarche scientifique, nous avons choisi d’adopter ce modèle non pas comme une vérité absolue, mais comme un outil capable de nous aider à appréhender la réalité mystérieuse de la vie et des relations humaines, et à acquérir progressivement, par élargissement successif du modèle, une maîtrise plus grande de notre destinée. (Rappelons qu’un modèle n’a pas la prétention d’offrir une description totale et complète de la réalité ultime, mais qu’il constitue un outil de compréhension et de recherche qui peut toujours être élargi au fur et à mesure des découvertes qu’il permet de faire. C’est ainsi que procède toute démarche scientifique et c’est ce qui garantit l’avancement de la connaissance.)
Le fonctionnement idéal
Selon ce modèle, le fonctionnement idéal de l’être humain serait le suivant : le maître (le Soi), porteur de toute connaissance et de sagesse, transmet ses directives au cocher (le mental) éveillé et ouvert, sous la forme d’idées que ce dernier transforme en pensées inspirées, nécessaires à l’exécution parfaite de la volonté du maître. La volonté du cocher et celle du maître ne font qu’une. Ce contact direct et riche permet également au cocher de disposer de toute l’intelligence et de la compétence nécessaires à une totale maîtrise du cheval (les émotions). L’ensemble de l’attelage (l’ego) est ainsi toujours dirigé harmonieusement et efficacement sur le chemin désigné par le maître ; il ne s’égare pas sur des chemins dangereux ou sans issue. Le cheval, parfaitement maîtrisé, reste en possession de toute sa force (potentiel émotionnel totalement disponible) ; il est en mesure de tirer la charrette rapidement, là encore harmonieusement et efficacement (potentiel créateur à son meilleur). Ceci, ajouté à une conduite intelligente de la charrette, assure le bon état de cette dernière (santé et grande énergie physique disponible).
L’ensemble des systèmes mental, émotionnel et physique, c’est-à-dire l’ego, se trouve alors totalement au service de l’expression de la volonté du maître, notre essence, dans ce monde matériel. Les plus hautes qualités du cœur et de l’esprit que le maître porte en lui peuvent se manifester concrètement : intelligence supérieure, sagesse, compassion, inspiration, etc. Nous vivons dans un état de plénitude, de créativité, de puissance et d’amour, et rien ni personne ne peut altérer cet état. Nous sommes en mesure de faire face aux difficultés et défis de la vie avec sagesse, intelligence, calme et centrage. En particulier notre cheval (notre système émotionnel conscient et inconscient) reste ouvert et sensible mais ne se laisse pas perturber d’aucune façon par les autres chevaux ou charrettes qui passent, plus ou moins bien dirigés par les cochers des êtres qui partagent le chemin de notre destinée. Parfaitement bien guidé, il peut poursuivre sa route, quels que soient le comportement des autres et les circonstances extérieures. Nos relations, exemptes de remous émotionnels, sont riches et heureuses, et deviennent naturellement des occasions de célébrer le voyage de la vie. Toute notre énergie est disponible pour créer et faire rayonner pleinement notre lumière dans le monde. Ceci constitue un idéal qu’il serait fort agréable d’atteindre…
Le fonctionnement actuel
Nous ne possédons pas encore cet état de maîtrise instantannée. Jusqu’à présent, le cocher a dû diriger son attelage relativement seul sur le chemin de l’évolution, car il n’avait que très peu développé le contact avec le maître. Or, un cocher sans connexion avec le maître possède un mode de fonctionnement fort limité. Il dispose certes d’un système de connaissance, mais celui-ci est automatique et très rudimentaire. Sans la sagesse et le discernement du maître, il est incapable de vraiment accomplir ses fonctions de façon efficace, harmonieuse et créative, ni de maîtriser correctement le cheval, auquel il reste la plupart du temps assujetti. Le chaos et les difficultés quotidiennes que nous vivons actuellement, tant au niveau personnel que planétaire, proviennent directement de ce fonctionnement limité.
Les interactions enrte les différents aspects de l’être humain sont certes fort complexes. Par contre, en appliquant les dernières découvertes scientifiques aux phénomènes de la conscience, nous pourrons, hors de tout système de croyances, apporter un éclairage nouveau sur les mécanismes de la psyché humaine et, à partir de là, faciliter grandement la maîtrise de nos dynamiques intérieures et en recueillir les fruits dans notre quotidien.
En ce début du vingt-et-unième siècle, l’actualisation de cette maîtrise est plus qu’un simple espoir, c’est une réelle possibilité. Les connaissances et les moyens sont à notre portée. Le temps est venu de redonner au maître, à notre essence, le plein pouvoir qui lui revient. Ce changement de direction ne se limite pas à de la philosophie. Si nous arrivons à l’intégrer véritablement au quotidien, il nous propulsera au sein d’une grande révolution de la conscience humaine qui permettra de créer naturellement un monde entièrement nouveau, autant pour soi que pour toute l’humanité.
C’est à la découverte des secrets de cette grande révolution que vous invite cet ouvrage.