• Finel Kévin - Entretien, salon mieux-vivre Fribourg 2015

    kevin finel

    Bonjour Kevin Finel, un peu en guise de CV, qu'est-ce qui vous caractérise en 3 phrases ?

    Je dirige l'Académie d'hypnose, une école de formation de praticiens en hypnose. J'ai écrit quelques livres et je donne des conférences un peu partout en Europe sur le sujet. Je garde également une pratique privée de consultations, j'aime beaucoup cela. J'ai 32 ans et j'ai commencé dans le domaine à 17 ans.

    Comme dit Paulo Coelho, quelle est votre "légende personnelle" ?

    Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai été attiré par ce que j'appelle la magie de ceux qui sont capables d'influencer le monde autour d'eux. J'avais 9 ans quand j'ai rencontré une personne que j'apprécie énormément, Jacques Salomé. Par hasard, je passais devant une librairie près de chez moi, il y donnait une conférence. Je me suis arrêté, j'ai écouté. Ce que j'ai compris, je ne m'en souviens pas, mais j'ai trouvé cela magique, cette conversation qu'il tenait sur scène avec quelqu'un. Je suis allé vers lui et nous avons échangé des propos. Là, je me suis dit, moi aussi je veux être un magicien dans ma vie. À 12 ans, j'ai lu un livre que Jacques Salomé m'a conseillé, qui traitait de PNL et d'hypnose, les deux sont liés. J'ai été fasciné de découvrir combien avec des mots, on peut toucher le coeur des gens et les aider à évoluer. J'ai rencontré d'autres personnes qui m'ont influencé après, mais cela a été le point de départ. Dès mon adolescence, j'ai commencé à suivre des stages, à me former dans de nombreuses et diverses techniques, comédien ou conteur en autres, mais je revenais toujours à l'hypnose. J'ai ouvert un peu naïvement mon premier cabinet de consultations à 17 ans. Avec d'autres, nous avons réalisé qu'une formation complète d'hypnose n'existait pas encore et nous l'avons créée. L'Académie d'hypnose, petite au début a depuis beaucoup grandi, elle est maintenant présente dans plusieurs pays et est devenue la principale école d'hypnose dans le monde francophone.

    Le thème de notre salon du mieux-vivre est "ma famille, mes racines", désirez-vous nous en dire un peu plus sur ce thème ?

    En hypnose, on travaille peu sur le passé ou sur l'origine, mais d'avantage sur leurs racines mentales. On imagine que la personne à la base de son identité a une intention et qu'ensuite elle se rapproche dans sa vie de ce qui va refléter cette intention. Ainsi les racines se renouvellent plusieurs fois dans une vie. On travaille sur ce qui a amené la personne à sa vision du monde, et les proches ont une influence certaine, ceux qu'on a pris comme modèles. En thérapie, il s'agit de faire un tri entre ce que la personne veut garder et ce qu'il serait bon pour elle de laisser. Comme dans toutes choses, il s'agit de trouver un bon équilibre dans ces choix, sans vouloir tout rejeter, ni tout garder.

    Le thème de votre intervention est l'hypnose moderne, y aurait-il une hypnose ancienne et quelle différence faites-vous entre les deux ?

    Pendant très longtemps, l'hypnose était ce que l'on peut voir encore dans les spectacles aujourd'hui, autoritaire, avec une prise de pouvoir sur les personnes, un côté manipulation. Au siècle dernier, un grand psychiatre, Milton Erickson a permis une autre forme d'hypnose, c'était un grand génie de la communication qui, à partir de problématiques personnelles, il a eu la polio, certains handicaps, s'est rééduqué lui-même. C'est ainsi qu'il a découvert l'auto-hypnose, une manière d'utiliser le mental pour agir sur le corps. Il a inventé une hypnose différente où les gens restent maîtres d'eux-mêmes, avec l'idée que l'hypnose est une prise de conscience et non un endormissement. C'est cela l'hypnose moderne ou ericksonienne. Il s'agit d'apprendre aux personnes à être libres et non conditionnées, à apprivoiser leur inconscient. C'est un peu le travail d'un scénariste ou d'un conteur qui va amener la personne à être le héros de sa propre vie et à se reconnecter à ce qu'elle est vraiment.

    Votre conférence a lieu le vendredi 13, je me souviens que ma mère avait peur de ces vendredis 13, quelle est votre opinion à ce sujet ?

    Quand on croit quelque chose, on peut tendre à le rendre réel. C'est à la fois vrai et faux. C'est vrai parce qu'on le crée, c'est faux parce qu'on pourrait aussi créer autre chose. Le travail sur les croyances est fascinant. Si quelqu'un est persuadé de ne pas avoir de chance, il va finir par ne pas en avoir. La personne est capable de se créer des situations extrêmement complexes, pour valider la croyance qu'elle peut avoir. Libre à chacun de se dire, "Tiens je sais que cela est faux, mais ça me plaît d'y croire, alors je continue d'y croire, sans être dupe, en me disant qu'un jour, je n'aurai plus besoin d'y croire."

    Vous êtes directeur de l'Arche, Académie de Recherche et de Connaissance en Hypnose Ericksonienne que vous avez créée, comment vous est venue cette idée de créer un lieu où on pratique l'hypnose ?

    Il s'agissait de réunir des gens passionnés par le sujet et de le faire avancer. C'est une technique qui en est à ses débuts. La neuroscience nous donne beaucoup d'informations et elle va permettre de faire évoluer l'hypnose, d'éviter qu'elle ne se fige dans quelque chose. L'ARCHE permet cela aujourd'hui, avec les nombreuses personnes qui viennent, on fait de la recherche, des expériences en se disant que ce que l'on sait, on peut l'améliorer. Il est important de garder une remise en cause, de tendre à l'évolution, c'est une sorte de laboratoire.

    J'ai regardé une de vos vidéos publiques, comment faites-vous pour poser les bonnes questions, pour percevoir les dysfonctionnements, les croyances limitatives des personnes que vous recevez ?

    Avec la pratique, il y a certainement une part d'intuition qui se met en place. Je crois que c'est beaucoup d'observation. La base de l'hypnose c'est cela, observer les gestes, le corps ne ment pas, alors que les mots... notre éducation nous apprend plus à écouter, mais regarder est une grande source d'informations. Avec un peu de pratique, on entend ce qui n'est pas dit, et cela amène à poser les bonnes questions.

    La télévision suisse vous a suivi pour un reportage qui parle de l'hypnose dans les écoles, comment avez-vous vécu cette expérience, comment appréciez-vous la Suisse ?

    C'était une belle expérience, l'idée est d'apprendre aux personnes à maîtriser leur cerveau, cela me semble fondamental. Ce reportage de la RTS était une belle occasion de promouvoir l'hypnose. En France, les gens sont plus fermés aux nouveautés de ce genre, tandis qu'en Suisse il y a une plus grande ouverture, une plus grande envie de dépasser les cadres établis. Si l'hypnose pouvait être apprise à l'école, il y aurait beaucoup moins de problèmes plus tard.

    Vous avez écrit depuis 2009, 6 ouvrages qui traitent de l'utilisation de l'hypnose dans différents domaines, avez-vous un projet d'écriture en route et de quoi traite-t-il ?

    Plusieurs, un livre sur l'hypnose conversationnelle qui est l'hypnose en communication. Récemment, j'ai écrit une pièce de théâtre pour laquelle les répétitions ont déjà commencé, une pièce de théâtre hypnotique, avec de l'hypnose, qui en enseigne certains éléments, l'idée étant de faire vivre aux spectateurs des contes initiatiques avec des expériences hypnotiques.

    En admettant que nous soyons venus sur terre pour évoluer, que tout tend à évoluer, et que notre vie nous met en face de certaines difficultés, de blessures à soigner, vous, Kevin Finel qui sembler un modèle de sérénité et de paix intérieure, qu'êtes-vous venu apprendre sur terre ?

    J'ai l'impression que ma mission essentielle est une mission de transmission. Nous avons tous des capacités dans certains domaines, j'ai cette possibilité de transmettre alors je tente de l'exercer au mieux. Il y a quelques années, j'avais un cabinet et je recevais 30 à 40 personnes par semaine. Un jour, je me suis réveillé en me disant un peu comme "ça c'est fait", cette mission est terminée. Pendant quelques mois, j'ai vécu un grand vide, pour voir arriver la mission suivante, celle de transmettre. La transmission permet l'exploration de toutes les facettes personnelles, de la diversité intérieure et aujourd'hui cela me touche profondément, il y a sans doute en moi quelque chose à réparer par rapport à cela.

    Avez-vous décidé de vous passer de téléphone portable ?

    Jusqu'à il y a un an, je passais trop de temps sur mon téléphone. Les mails ont quelque chose de pratique, on peut y répondre le matin et le soir. Je privilégie l'écrit, ça demande de poser les choses, d'y voir clair.

    Êtes-vous heureux Kevin Finel ?

    Oui, je le crois, puisque je ne me pose pas la question. J'ai l'impression d'être à ma place, tout simplement. Quand je me réveille le matin, j'ai ce sentiment de faire ce que j'ai à faire. Tant que je fais ce pourquoi je suis là, ça me donne du bonheur, et cela devient ma boussole.

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    J'espère que cette conférence sera l'occasion pour certains de découvrir l'hypnose, de la démystifier, de faire tomber les à priori envers cette technique. Je suis heureux aussi de l'ouverture de la future agence de l'ARCHE à Genève, avec une première formation prévue en octobre. 

    Christiane Kolly - 30 septembre 2015


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