• Conversation avec mon sang

     

    En bleu, c'est la personne, en rose, c'est la partie du corps

     

    Rouge, j'ai toujours eu de la peine à regarder la couleur rouge… couleur de sang… couleur d'énergie… couleur de colère aussi!

    Je suis la couleur de la vie. Je fais partie de ton corps pour cinq litres septante, environ dix pour cent de leur poids en moyenne chez les individus adultes. Je suis fait de vingt-deux milliards de cellules, l'infiniment petit, cela me ressemble. Chacune de mes cellules contient des millions de molécules dans lesquelles se trouvent des atomes oscillant plus de dix millions de fois par seconde.

    C'est un monde dans mon corps…

    Chaque seconde, deux millions de tes cellules sanguines meurent pour laisser la place à deux millions de nouvelles cellules dans un processus de résurrection continuelle depuis ta première naissance.

    Résurrection continuelle. Cela finit quand même par s'arrêter…

    Quelle ingratitude, tu fais de l'esprit?

    Je fais de l'esprit quand le sujet m'interpelle, c'est une pirouette pour mieux m'échapper. Tu devrais le savoir!

    Pourquoi les gens disent-ils de toi que tu es comme les serpents, que tu as [le sang froid]?

    C'est une manière de dire que je garde mon calme dans les situations difficiles.

    Ça, c'est le côté visible de l'iceberg. Je sais moi que [tu te fais du mauvais sang]. C'est dans ton langage, mais de plus, c'est vrai. Quand tu feins de ne pas réagir, mais qu'à l'intérieur ça tourne comme le moulinet d'une canne à pêche, je prends du retard dans le renouvellement des cellules et ce n'est pas bon pour toi. Il vaudrait mieux que tu exprimes ce que tu ressens.

    J'ai peur de me mettre en colère, de ne pas savoir dire calmement les choses.

    Cela s'apprend, tu peux ne pas être d'accord avec les autres sans que cela amène à un affrontement sanglant… si j'ose dire.

    … et finir par avoir [du sang sur les mains]?

    Heureusement, l'homme n'en est plus à assassiner l'autre en cas de désaccord!

    Même si certains ont encore [le sang chaud]…

    Je préfère cela au [sang de navet]!

    Effectivement, ce n'est pas vraiment rouge, ça manque de couleur, le sang de navet.

    Que veux-tu dire quand tu affirmes que [ton sang n'a fait qu'un tour]?

    C'est une réaction vive à quelque chose et qui provoque une montée d'adrénaline?

    Ah oui, quand tout à coup je dois mettre les bouchées doubles. Et quand tu dis que tu as [la musique dans le sang], tu entends quoi?

    Que cela fait partie de moi, c'est basic, comme si j'étais née avec.

    Cela ressemble [aux liens, à la voix du sang]?

    Pas tout à fait. Là, il y a plutôt un rapport avec la famille, la tribu, les ancêtres.

    Et le [sang bleu]?

    Avoir du sang bleu dans les veines, c'est avoir une ascendance noble.

    Et comment dois-je prendre le fait de n'avoir [pas de veine]. Sans veine, je ne peux pas circuler, être ramené vers le cœur afin d'être purifié?

    Alors, les gens qui pensent qu'ils n'ont pas de veine auraient de la peine à accepter ce qui vient de l'extérieur. Ils auraient un problème de circulation, de communication dans un ou plusieurs domaines de leur vie? Que conseiller à ces personnes?

    Elles ont à apprendre à laisser parler leur cœur et laisser engendrer des situations qui leur apportent de la joie, de la gaieté. De cette manière, tout mon système circulatoire s'en porterait beaucoup mieux.

    Et quand c'est l'infarctus du myocarde?

    C'est un caillot qui s'est formé au niveau des artères et qui bloque brutalement la circulation. La situation est relativement grave.

    Que se passe-t-il dans la vie de cette personne?

    Son corps a trouvé un moyen pour qu'elle s'arrête, pour tenter d'endiguer toutes ces émotions qui lui enlèvent sa joie de vivre. C'est une alerte. Il est intéressant et triste aussi de constater que cet accident était réservé, dans le siècle passé en majorité à l'homme. Actuellement, la femme gagne de la vitesse. Elle n'a plus la vie calme de femme au foyer, protégée par le mari, elle va au front, veut faire carrière, mener de front vie de famille, vie affective, vie sociale, beaucoup pour une seule femme… Elle est marrie (mari…).

    Elle ne pouvait quand même pas se tenir à un seul et unique métier, femme au foyer?

    Je ne donne pas d'opinion, je constate simplement qu'au point de vue de la santé, elle n'y a pas gagné.

    Chaque situation a son côté enviable, ou le contraire. Quand Sir Winston Churchill disait à ses compatriotes [Je n'ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur] il était plus confortable d'être une femme et de rester à la maison.

    C'est un point de vue. Le côté féminin est passif réceptif dans l'attente, tandis que le côté masculin est actif. Est-il préférable d'aller à la guerre et voir tout le sang couler ou de rester à la maison, dans l'attente, sans savoir, et pourtant faire le travail de l'homme absent?

    Il est préférable de n'avoir pas à choisir entre ces deux situations! Mais quand même, la femme fait les enfants et l'homme dans la plupart des pays dits civilisés apprend dès qu'il est adulte à les tuer.

    C'est du féminisme ou je n'y connais rien!

    Possible. Quand je travaillais dans une grande entreprise, dans les années quatre-vingts, je trouvais ahurissant qu'une femme soit regardée de travers quand elle était enceinte, elle allait être absente plusieurs semaines. Par contre, un homme, à peu près du même âge, était absent la moitié de l'année pour raison militaire et tout le monde trouvait cela normal. Et pourtant, la femme faisait un enfant et l'homme allait apprendre à être un soldat, à manier les armes, donc à tuer, même sous prétexte de se défendre. Est-ce si simpliste de dire que si aucun état n'avait d'armée, il n'y aurait pas de guerre?

    Ni de sang versé? Peut-être. Une armée est un groupe de personnes représentatif de la pensée des membres de la nation d'où vient ce groupe.

    Si c'était moi, il n'y aurait pas d'armée!

    Tu n'es actuellement pas représentative de la majorité… un jour peut-être! Mais le sang continue de couler, d'une manière ou d'une autre.

    Oui, les hémorragies. Pourquoi?

    Je représente l'amour de la vie, la joie de vivre. Quand quelqu'un me laisse échapper, son corps lui indique une attitude qui laisse échapper sa joie de vivre. Elle est lasse, angoissée mais se retient. La force de l'hémorragie et l'endroit du corps où elle survient seront significatifs.

    Les menstruations de la femme par exemple? Là, les croyances populaires vont bon train. Les menstruations, c'est honteux. La femme est impure chaque mois durant plusieurs jours. C'est sale.

    Tu vois que si elle va moins au champ de bataille, elle a sa part… Je me souviens d'un événement qui t'a fait beaucoup de tort. Cela s'est passé une des premières fois où tu as eu tes règles…

    Avoir les règles, suivre les règles, je n'ai jamais aimé cela. Ceci pourrait expliquer les nombreux malaises que j'ai eus dans mon ventre de femme.

    Tu commences à comprendre. Tu te souviens? Quand tu as oublié une serviette hygiénique usagée aux toilettes?

    La honte… décidément elle me poursuit. Oui je me souviens, c'est mon père qui l'a retrouvée. Il m'a fait une remarque devant d'autres membres de la famille, moi qui n'aimais déjà pas les remarques… Celle-ci a très mal passé. J'en ai gardé le souvenir que les règles c'est sale honteux et qu'il faut faire attention de bien cacher tout ce qui se passe autour.

    Ton père faisait son travail de père, c'est toi qui a très mal supporté d'être prise en flagrant délit d'étourderie, toi qui t'es sentie meurtrie dans ton intimité. Toi, mademoiselle parfaite…

    C'était plutôt cela, c'est vrai, mais j'ai fait un lien avec les règles. Et depuis, douleurs, menstruations douloureuses durant de si longues années. J'aurais trouvé bien plus simple de naître homme.

    Il te fallait une vie de femme pour comprendre que le rôle d'homme n'est ni plus ni moins enviable. Il est différent. Quand tu as cessé de croire que le fait d'être femme fait mal tous les vingt huit jours, quand tu as compris que les règles sont une fonction tout à fait naturelle et nécessaire chez la femme, tes problèmes de menstruations douloureuses ont diminué. Quand tu as compris aussi que tu pouvais avoir besoin d'un homme, parce qu'en général il est plus fort physiquement, sans en devenir dépendante…

    Ma vie est devenue plus simple…

    Mais surtout en arrêtant de vouloir jouer tous les rôles, tu as commencé à faire une vraie place à l'homme dans ta vie.

    J'y ai mis le temps et finalement j'ai réussi. Maintenant parlons des saignements de nez soudains et fréquents que j'avais si souvent quand j'étais adolescente? Pourquoi?

    Tu saignais du nez sans raison apparente presque chaque jour. Le nez est le premier organe utilisé pour aspirer l'air, aspirer la vie. Tu n'aimais pas ce que tu aspirais? Tu laissais la joie de vivre s'échapper par le nez?

    C'était le moment où j'ai commencé à vouloir voler de mes propres ailes, à vouloir sortir, voir les garçons, à vouloir avoir ma vie personnelle en dehors de ma famille. Mon père n'avait évidemment pas les mêmes idées que moi sur la question. Et chez nous, l'autorité c'était lui, même si ma mère lui soufflait souvent comment… Je crois que j'en voulais à ma mère de n'être pas plus solidaire, entre femmes…

    Un jour, tu y es allé un peu fort. Mais ce jour-là, ta mère t'a soutenue…

    Aïe! Je me souviens, j'étais en punition, à genoux tu te rends compte! Nous en reparlerons, de mes genoux… Durant l'absence de mes parents, j'avais invité des copains pour faire la fête. Mes frères et sœurs étaient bien contents d'y participer. Mais quand mes parents sont rentrés, j'ai été la seule punie parce que c'était moi l'instigatrice… J'avais été rapidement dénoncée par les autres fêtards… Mon père m'a donné une gifle retentissante.

    La scène suivante, tu l'as joué diablement mesquine?

    Je savais que j'avais une faiblesse au niveau du nez, qu'il saignait facilement. Je me suis donné un léger coup de poing, très léger, et voilà que ça saignait, une mare de sang devant moi. Quand ma mère a vu cela, elle a fini par prendre mon parti. Elle a disputé mon père, lui disant qu'il y allait trop fort avec moi, qu'il savait bien que j'avais une faiblesse au niveau du nez…

    Tu as eu ce que tu voulais, le soutien de ta mère dans l'affrontement en face de ton père… Mais à quel prix, il y avait peut-être un autre moyen?

    Bien sûr. Mon père, pauvre homme, qui jouait son rôle de l'autorité et qui s'est retrouvé avec deux femmes contre lui… Quelques années plus tard, je lui ai raconté l'histoire…

    Et quelle leçon tires-tu de cela?

    Que le combat en face de l'autorité m'a accompagné dans l'enfance, l'adolescence, la vie de femme, que les moyens utilisés n'étaient pas toujours honnêtes…

    Tu faisais ce que tu pouvais sur le moment… Sois indulgente et bonne avec toi-même et avec l'autorité, rôle qui n'est peut-être pas toujours le plus facile. N'oublie pas de d'être indulgente aussi avec les hommes…

    Le sang, il y a aussi quelque chose, dans ma jambe depuis des mois voire des années qui bloque, qui freine, qui est douloureux parfois? Phlébite?

    Il y a un morceau qui reste coincé dans ta jambe, qui ne passe pas… il stoppe ta joie de vivre… est-ce une personne… une situation? Quelle est ta perception intérieure face à cela?

    C'est la jambe droite!

    Relation à la partie féminine. Mais cela peut aussi concerner la terre mère, la profession?

    Touchée… Seigneur c'est vrai. Depuis que j'ai laissé une situation financière confortable pour faire du développement personnel, je traîne un peu la jambe, au propre et au figuré!

    Tu sais bien que ce ne sont jamais les faits qui sont critiquables mais la manière de penser par rapport à eux. Quels sont les mots? Quels sont les maux?

    Dans le désordre travail, avancer, joie de vivre, traîner la jambe, argent, reconnaissance…

    Tu t'accuses de quoi?

    D'avoir choisi un domaine qui m'a fait manquer d'argent, manquer de reconnaissance et conséquence directe de joie de vivre!

    Visiblement, c'est une manière de penser qui ne te fait aucun bien. Le domaine choisi te plaît?

    Enormément.

    L'argent et la reconnaissance, est-ce vraiment si important pour toi?

    J'étais habituée à être reconnue comme une personne capable, forte et battante. Avoir des problèmes d'argent m'a mise dans une situation que j'ai eu du mal à accepter. Demander, être à la merci du bon vouloir des autres n'est pas confortable.

    Quelle est la leçon?

    J'ai appris à demander de l'aide et je l'ai reçue, pas toujours de la manière que j'attendais mais même là, il y avait une leçon.

    Laquelle?

    Je donne comme je reçois. Je reçois comme je donne. Pas très glorieux…

    Pourquoi avoir besoin de gloire, de reconnaissance? Ne peux-tu pas trouver au fond de ton cœur tout ce dont tu as besoin et le laisser couler doucement sur toi, comme le chocolat sur une poire.

    Je peux le faire. Je vais le faire.

    Quelle est cette nouvelle manière de penser par rapport à ta manière d'avancer professionnellement dans la vie?

    Dans la paix, j'avance en faisant ce que j'estime être bon pour moi. J'ai confiance. La vie me donnera mon pain quotidien. Les autres vont m'aimer et me reconnaître puisque je m'aime et me reconnais. Les autres sont mon miroir, le reflet de ce qui se passe à l'intérieur de moi-même.

     

    Converser avec...

    votre corps, par les malaises et maladies,
    il a quelque chose à vous dire...

    Tiré du livre
    "Conversations avec mon corps"
    de Christiane Kolly

    Vous pouvez copier en mentionnant
    l'auteur et le site.

    www.christianekolly.ch

    bouche nez
    bras oreilles
    coeur peau
    cuisses pieds
    dos poumons
    estomac sang
    fesses seins
    genoux sexe
    gorge tête
    jambes ventre
    mains yeux

     


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