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Bagot Jean-Lionel Docteur
Vous vivez en Alsace, nous sommes voisins, quel effet cela a-t-il pour un homme d'être né et de vivre en Alsace ? Que reste-t-il de l'influence germanique ?
Rires... Je suis normand et j'ai épousé l'Alsace et une alsacienne en même temps. Pour rien au monde je ne quitterais l'Alsace parce que je me sens plus alsacien que n'importe quoi d'autre. Ce qui me plaît beaucoup ici, c'est la sincérité des relations humaines, la sincérité des relations professionnelles et cette notion de l'importance du travail bien fait. L'influence germanique en Alsace se manifeste par cette rigueur dans le travail, mais aussi dans l'amitié et dans les relations humaines.
Vous avez reçu une médaille de bronze "Acte de courage et de dévouement" en août 2016 pour quelle raison, racontez-nous ?
Je suis nageur, c'est ma passion la natation. En été 2015, j'ai sauvé de la noyade trois adolescents, deux filles et un garçon. Les vagues les avaient emmenés au large et je les ai ramenés l'un après l'autre. C'est pour moi un très beau souvenir et aujourd'hui encore ils restent en lien avec moi, je les accompagne dans la vie en amitié. Ils me disent avoir vécu avec moi une renaissance. Cet été, le garçon m'a même offert sa médaille de baptême. C'est une belle histoire qui m'a valu d'être l'alsacien de la semaine dans le journal "L'Alsace".
Vous avez choisi d'être Docteur en médecine, vous auriez pu devenir ingénieur, architecte ou plus simplement commerçant ou artisan, pourquoi avoir choisi cette voie ?
Je n'imagine pas une seconde faire autre chose que de soigner les autres. Je n'étais pas très bon à l'école, j'ai eu mon bac in extremis. En première année de médecine, j'ai très bien réussi, c'était vraiment ma voie. Pour moi, c'est le plus beau métier du monde. Mettre mon énergie dans autre chose que soigner pour moi c'est impossible, je ne suis jamais allé travailler à reculons.
Vous vous êtes ensuite tourné d'abord vers l'acupuncture puis vers l'homéopathie, qu'est-ce qui vous a amené à faire ce choix de thérapies dites parallèles ?
Je les appellerais plutôt thérapies complémentaires. D'abord je suis médecin et en tant que tel, je vais utiliser la thérapie la mieux adaptée à mon patient. Il m'arrive de prescrire cortisone, antibiotiques ou morphine si c'est nécessaire. Par contre, lorsque c'est possible je commence par des thérapies non toxiques, je recherche l'innocuité maximale pour les patients dans mes traitements. En cas de pathologie grave, il faut trouver les thérapies efficaces, l'homéopathie ou l'acupuncture ne peut pas tout soigner,
L'homéopathie, méthode thérapeutique consistant à prescrire à un malade, sous une forme fortement diluée et dynamisée, une substance capable de produire des troubles semblables à ceux qu'il présente. Êtes-vous d'accord avec cette définition ? Qu'auriez-vous à ajouter ?
Oui, l'homéopathie repose sur trois principes. Le premier est celui de la similitude, soigner par les semblables, c'est toute la différence par rapport à la médecine conventionnelle qui soigne par les contraires. On est dans un autre paradigme thérapeutique. On soigne avec une substance qui produit des symptômes identiques à ceux du malade. Le deuxième principe est celui de la globalité des symptômes du patient. On soigne les réactions que présente le patient et non sa maladie. Nous pouvons tous faire des grippes différentes, la même maladie avec des symptômes différents, soigner la spécificité de la personne dans sa lutte contre la maladie. Le troisième point important c'est l'infinitésimalité, l'utilisation de substances suffisamment diluées pour qu'il n'y ait pas de toxicité. La substance doit être dynamisée pour que l'information soit transmise aux molécules d'eau dans lesquelles elle est diluée.
Qu'est-ce qui fait que cela amène la guérison ?
C'est une très bonne question et si vous avez la réponse, vous me prévenez ! Pour l'instant, personne ne sait comment l'homéopathie agit et c'est dommage parce qu'on utilise une thérapeutique médicale dont on ne connaît pas le mode d'action. Pour moi qui suis un chercheur et un scientifique, ça n'est pas satisfaisant. Nous avons des hypothèses, c'est une thérapeutique réactionnelle comme l'acupuncture, des forces de guérison naturelles dans l'organisme sont stimulées. C'est comme si vous mettiez des panneaux qui indiquent la direction à prendre sur une route, indiquer à l'organisme comment réagir. Un exemple : en cancérologie, les patients font souvent une thrombopénie, le nombre de plaquettes dans le sang baisse. Comment les faire augmenter, aucun médicament n'existe. En homéopathie, je vais prescrire du venin de crotale. La raison, si vous avez été mordu par un crotale, cela fait chuter les plaquettes dans l'organisme et vous mourrez par hémorragie interne. Si vous donnez à l'organisme de petites doses de venin de crotale, il entend qu'il doit rapidement fabriquer des plaquettes. Le patient en cancérologie qui reçoit de petites doses de crotale va voir son taux de plaquettes dans le sang remonter. L'homéopathie est une thérapie informationnelle pour l'organisme qui va réagir.
Ma fille aînée ne croit pas à l'homéopathie, elle s'en moque d'ailleurs. Diriez-vous que dans le domaine il est question de croire ou ne pas croire ?
Pour moi c'est une pratique médicale. Elle est souvent attaquée. On se demande qui on dérange ? On utilise une médecine qui coûte peu cher, qui n'est pas iatrogène (sans effets secondaires), et qui guérit les gens... Il est vrai que pendant que le patient utilise de l'homéopathie, il n'achète pas autre chose. Pourquoi cette moquerie alors que beaucoup de personnes l'utilise pour se soigner. Les médecins et les patients sont satisfaits. Pourquoi ne pas s'interroger, c'est une réalité. On ne sait pas encore comment, mais ça fonctionne. Des études scientifiques existent, en double aveugle, mais elles ne sont pas suffisamment nombreuses. Les moyens financiers manquent, les médecins qui font ces études sont souvent des bénévoles. Un tube d'homéopathie coûte en France 2,26 euros pour un traitement de quinze jours. C'est considéré comme du sucre et le sucre n'est pas cher à fabriquer. Les physiciens ont démontré qu'il se passe quelque chose, que les molécules d'eau dans le solvant sont modifiées, mais on ne sait toujours pas comment cela réagit sur l'organisme. L'acupuncture dure depuis trois mille ans et on ne sait pas non plus comment ça marche. Il faudra faire des études de pratique, par exemple se poser la question de savoir dans la population suisse quel est l'état de santé de ceux qui utilisent l'homéopathie par rapport aux autres ? Quelle est leur opinion à ce sujet ? Et quel en est le prix pour la société ? Les coûts de la santé, sujet d'actualité, pourquoi les caisses maladies ne commandent-elles pas ces études ? Au contraire, l'homéopathie est attaquée... Il faudrait une fois pour toutes sortir de l'opposition de ceux qui croient et les autres. Cela rejoint la médecine intégrative, les anglo-saxons disent "Take the best of the both", prends le meilleur des deux. Je travaille comme cela chaque jour.
Quelle est l'importance de l'écoute que vous apportez à vos patients ? Vous n'allez pas prescrire des antidépresseurs sans proposer une forme de thérapie ?
L'écoute fait partie de la prise en charge et cela tous les médecins le pratiquent, enfin je l'espère. Certains êtres se contentent de béquilles, peut-être qu'ils ne veulent pas aller plus loin, qu'ils ne sont pas prêts. C'est leur choix. Le message serait : pas de dogme, pas de chapelle, l'important c'est le patient. L'idée est d'utiliser l'outil qui convient le mieux pour que la personne aille mieux.
Une de vos conférences passées a pour titre "Accompagnement et soins de support des patientes traitées pour un cancer du sein" Mais dites-moi quel est selon vous le rôle du soutien-gorge sur la santé des seins des femmes ? Est-il préférable selon vous d'en porter ou non ?
Ma réponse sera celle de la patiente. Vous en tant que femme, qu'en pensez-vous ? Évidemment, une patiente qui a subi une opération et qui a des problèmes lymphatiques, je déconseillerai un soutien-gorge à armatures, la même chose si elle est en radiothérapie. Pour l'instant, je n'ai pas d'arguments scientifiques suffisants pour avoir une attitude dirigiste à ce sujet.
"L’homéopathie une réponse aux effets secondaires des traitements du cancer" c'est le titre de vos conférences. Soulager les personnes qui suivent des traitements lourds, accompagner des personnes en fin de vie parfois, pourquoi avoir choisi cette voie aujourd'hui ?
Je ne vois plus que des patients qui sont en cours de traitement pour un cancer. C'est ma spécialité depuis plusieurs années. J'ai fait une formation universitaire de cancérologie qui m'a passionné, je peux venir en aide aux patients qui en ont besoin. Je me sens très utile. La consultation se fait souvent à trois, il y a le médecin, le malade et la mort. C'est profond, sincère, en vérité, aussi bien pour le patient que pour moi-même. Je travaille aussi dans un service de soins palliatifs, c'est un travail lourd, par toujours facile mais ô combien important, important d'être présent auprès des patients dans ces moments-là.
Auriez-vous un dernier message pour nos lecteurs ?
Vivez la vie ! Une vie heureuse de préférence !
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