• Thalmann Yves-Alexandre et la nouvelle pensée positive, loi de l'attraction expliquée

    Yves-Alexandre_Thalmann

    Bonjour Yves-Alexandre Thalmann,

    Votre site est dédié à la promotion des compétences interpersonnelles et du bien-être personnel et relationnel, pouvez-vous nous préciser ce que vous entendez par là ?

    Quand je parle de compétences interpersonnelles, une question vient : c'est quoi bien communiquer ? Beaucoup croient savoir comment faire pour bien communiquer, cela reste personnel à chacun, quelque part. Faire de la communication non-violente ou utiliser des outils de PNL, cela reste dépendant des personnes qui ont créé ces outils-là. Il y a une autre manière de tenter de répondre à cette question, les québecois l'ont traitée en se posant la question en terme de compétences. Quelles sont les compétences nécessaires, pour un jeune homme qui termine sa formation, pour communiquer. À l'école on apprend des compétences techniques, lire et écrire par exemple, faute de quoi on souffrirait d'illettrisme ou d'analphabétisme. De même pour être en relation avec les autres, il y a des compétences de communication à maîtriser. Aujourd'hui en Suisse, à l'école il est tenu compte de ces éléments un peu plus explicitement, mais il y a une génération, ce n'était pas du tout le cas. Parler, comprendre une langue, l'écrire, on pensait que c'était suffisant pour savoir communiquer. Là, on parle de compétences relationnelles et non plus uniquement de maîtrise de la langue. Le bien-être relationnel signifie être bien en relation avec les autres. Ce n'est pas uniquement le développement personnel dans le sens où on l'entend communément, c'est aussi le développement interpersonnel, celui envers nos contacts et nos relations. On peut parler d'un savoir-être plus que d'un savoir-faire.

    Le leitmotiv qui guide toutes vos activités est : Penser autrement pour aller mieux. J'ai l'habitude de regarder le dimanche matin l'émission "Sagesses bouddhistes". La maîtrise de la pensée, ils en parlent souvent. Pensez-vous que l'on puisse travailler sur soi, être formateur en ne tenant aucunement compte du côté spirituel de l'être humain ?

    Peut-on être formateur sans tenir compte du côté spirituel, la réponse est oui. Peut-on être bon formateur sans pratiquer une activité sportive, certainement oui aussi. Cela ne veut pas dire que l'on sera complet dans son humanité. D'un autre côté, peut-on être un bon formateur en étant fumeur, la réponse est oui, mais non également. L'exemple que l'on donne, en sachant que fumer nuit à la santé, n'est pas l'exemple à suivre, sachant qu'actuellement on s'inquiète de cette dimension-là. Dans mon vocabulaire, la dimension spirituelle, je la désigne plutôt comme dimension psychologique. Il existe des personnes excellentes dans leur travail sans tenir compte de toutes les dimensions de l'être.

    Vous parlez de pensée positive. S'il y a au fond d'une personne quelque chose qui la ronge, peut-être inconsciemment parce que l'être humain est si bien construit que ce qui est trop douloureux devient inconscient, croyez-vous que la pensée positive seule puisse lui permettre de vivre heureux et d'atteindre ses objectifs malgré tout ?

    La question est complexe. Si la pensée positive consistait à mettre un emplâtre sur une jambe de bois, à terme cela créerait plus d'insatisfaction que de satisfaction. Il ne faut pas faire dire à la pensée positive ce qu'elle ne dit pas. Aussi bien chez Joseph Murphy que dans le livre "Le secret" ou encore chez Daniel Sévigny en Suisse, on désigne comme synonyme à la pensée positive la loi d'attraction. Le but sera d'attirer vers nous ce qui nous correspond, de réaliser des objectifs ou des rêves. Si vous rêvez de rouler en Mercedes et que finalement vous l'avez votre Mercedes, cela vous permettra de rouler agréablement, d'épater la galerie, mais cela ne soignera en aucun cas une problématique profonde. La pensée positive n'est pas un outil pour aller mieux, elle a d'autres objectifs. En parlant de psychologie positive, de science du bonheur, tendance actuellement, son but n'est pas de soigner les gens qui vont mal, mais plutôt d'aider les gens qui vont bien à aller encore mieux.

    A quels professionnels s'adresser pour un problème plus profond ?

    En Suisse, depuis 2013, nous avons la Lpsy, la loi sur les professions relevant du domaine de la psychologie. Certains termes sont protégés, seule une personne au bénéfice d'une maîtrise ou d'un master en psychologie d'une université ou d'une haute école suisse a le droit de porter le titre de psychologue et de fournir une prestation en psychologie, le psychothérapeute aura passé quatre ou cinq ans de formation post-grade en plus. Un médecin psychiatre par contre n'est pas forcément formé pour aider par la parole, mais spécialisé dans la santé mentale. Le métier de coach a des certifications, mais le terme n'est pas protégé. N'importe qui peut graver une plaque avec les mots coach ou thérapeute sans prendre le risque d'être inquiété par une quelconque autorité. C'est pour cela que certains qui pratiquent l'EFT ou l'hypnose, par exemple, se regroupent en association professionnelle, pour avoir une crédibilité, un élément plus solide.

    "La gestion des émotions tient plus de l'apprentissage du cheval que de la bicyclette", j'ai entendu cela de la bouche d'un bouddhiste, qu'en pensez-vous ?

    Je l'aime bien. Pour les enfants de Mongolie, l'apprentissage du cheval et plus important que celui de la bicyclette. La bicyclette est plus passive, une fois la technique maîtrisée, ça roule. Par contre, le cheval avec sa dynamique propre, cela restera de l'équilibrisme plus poussé. Je ne fais pas d'équitation, mais la métaphore me parle. Un spécialiste d'équitation nous dirait peut-être que c'est plus facile qu'il n'y paraît. Quand je traite des émotions, j'utilise plus le terme d'apprivoiser que celui de dompter, vivre en bonne intelligence avec et non avoir le contrôle dessus. L'apprentissage des émotions, le formaliser, c'est assez nouveau pour beaucoup de personnes, elles n'en connaissaient pas grand chose si ce n'est qu'il ne fallait pas les vivre ni les exprimer. Il y a là derrière tout un travail de connaissance, de reconnaissance de ce qui se passe en soi.

    Vous parlez de l'inhibition des comportements destructeurs et des réponses impulsives et violentes ? L'inhibition est le fait de s'opposer à un processus, de l'empêcher, de l'entraver ou de le ralentir. Êtes-vous d'accord avec cette définition ? Comment rester soi-même en se retenant ?

    Si je parle de cette inhibition, c'est pour dire qu'il est préférable de l'éviter. Je suis partisan de l'accueil et de l'acceptation. Je ne crois pas au pouvoir de la volonté. En y allant de façon frontale, en inhibant, en s'empêchant de la vivre, cette chose va nous rattraper. Le travail vise à prendre conscience de ces comportements, de comprendre quels rôles, quelles fonctions ils jouent. Dans un deuxième temps, il s'agit de les accueillir, de les accepter pour ensuite les transformer en quelque chose qui devienne plus constructeur ou constructif.

    Je me souviens du livre du Dr Murphy sur la pensée positive. Quelle différence y a-t-il entre cette nouvelle pensée positive, version 2.0, et l'ancienne ?

    Dans ce que l'on peut lire dans les livres de Joseph Murphy, il y a toujours un acte de foi. Si vous pensez positivement, votre subconscient va faire en sorte que les choses positives viennent à vous ou se manifestent ou se concrétisent. Maintenant, nous essayons de comprendre le pourquoi. Cela reste un point d'interrogation. Le subconscient, en psychologie, n'est pas défini. C'est ennuyeux. Pour la loi d'attraction, cela s'applique aussi. Elle existe, que l'on y croit ou pas elle fonctionne, mais c'est un acte de foi. On ne peut pas prouver l'existence de cette loi. La nouvelle pensée positive va dans une autre direction. Elle va chercher ce qui est déjà validé dans la communauté scientifique ou chez les psychologues. On tente de répondre à la question suivante : pourquoi une attitude positive amène une vie plus belle, plus agréable, plus riche ? Nous ne sommes pas dans le positivisme pur et dur, mais dans quelque chose de plus complet, dans l'ouverture de l'attention. Nous avons remarqué qu'une personne plus détendue, et la pensée positive amène à être plus détendu, cette personne a son champ d'attention, son champ de conscience on pourrait dire, qui s'ouvre. Elle perçoit plus d'opportunités autour d'elle. Ce n'est pas tellement qu'elle attire les choses, mais plus qu'elle remarque ce qu'elle ne voyait pas auparavant. Le deuxième axe, c'est la pensée qui motive. Ouvrir une porte mais ne pas la franchir, ce n'est que la moitié du chemin. Je vous donne l'exemple suivant : je marchais avec mon fils, il se baisse et me dit : "Papa, j'ai trouvé deux francs." Ces deux francs se trouvaient devant mon pied, mais mon attention était ailleurs. C'est lui qui les a vus d'abord, puis ramassés. S'il s'était dit en lui-même que j'allais les voir et les ramasser, il n'aurait rien fait. Cela pour dire qu'il faut non seulement ouvrir le champ d'attention mais aussi agir, se dire que l'on peut faire quelque chose. Cette nouvelle pensée positive vise à ouvrir l'attention, avec des outils de pleine conscience chers aux bouddhistes d'ailleurs, de relaxation, de méditation. Ensuite, on va favoriser les contenus mentaux positifs, ce qui amène à oser agir, aller de l'avant, à s'affirmer et non pas subir. La dernière étape est celle d'observer que lorsque l'on a cette attitude, les autres répondent à cette attitude, si je m'adresse à une personne comme quelqu'un de formidable et d'intéressant, je m'adresse à elle en tant que telle et non comme quelqu'un d'inintéressant et d'ennuyeux. J'ouvre ainsi mon monde à des relations qui seront plus riches.

    Qu'en est-il du désir, décrit dans le livre Le Secret, désir qui attire la manifestation des rêves, comme l'enfant qui désire recevoir une bicyclette ?

    Il y a un chaînon manquant, entre le désir et la réalisation, il y a des actes concrets, par ses paroles, par ses comportements, l'enfant signifie à tous qu'il veut une bicyclette, ce qui l'amène à la recevoir vraiment. Là, en tant que psychologue, je ne vais pas pouvoir dire que le désir seul va pouvoir amener quelque chose, en terme vibratoire, pour le moment, nous n'avons pas de confirmation qui nous permette d'aller dans cette direction en toute décontraction. Je suis enseignant de psychologie au Collège Saint-Michel à Fribourg, je ne peux en aucun cas parler de pensée positive selon Joseph Murphy ou du livre "Le Secret" à mes élèves, cela n'aura aucune validité dans ce domaine d'études, peut-être ailleurs oui, mais pas en psychologie. Les personnes convaincues par "Le Secret" n'ont pas besoin de preuves, ceux qui fréquentent le salon du mieux-vivre par exemple. Mais la majorité des gens de la population ne croit pas à cela. C'est dommage qu'ils se ferment à cette opportunité parce que les hypothèses de base leur semblent trop ésotériques. Mon travail consiste à aller chercher ces gens-là et à leur dire : "Regardez, il y a des éléments solides, étayées dans la communauté scientifique, avec références de recherches, et vous pourrez vérifier que ce système fonctionne." Dans ce sens-là, mon désir est de poser des bases extrêmement solides de manière à pouvoir avancer avec le concept. C'est la raison pour laquelle ce qui touche à la spiritualité me rend quelque peu frileux, ce n'est pas mon domaine en tant que tel.

    Le non-jugement, dans notre éducation judéo-chrétienne, nous avons été habitués à juger, à se juger encore plus, à se sentir coupable et à tenter de se faire pardonner. Vous avez une baguette magique pour quelqu'un qui désire arrêter de se juger ?

    Je ne sais pas si cela existe, la baguette magique, mais je vous propose plutôt un entraînement pour y arriver. Vous avez plusieurs pistes dans mon livre sur le non-jugement. Il y a une manière qui consiste à modifier les mots que l'on utilise. Plutôt que de qualifier les actes ou les êtres, on va plutôt décrire ces actes et ces êtres et exprimer ce que cela provoque en nous. Plutôt que de dire par exemple "C'est un égoïste.", je dirai : "Quand il mange le gâteau en entier, je suis frustré, je suis fâché contre lui." J'enlève l'étiquette de jugement pour simplement décrire l'émotion qui se passe en moi. C'est une autre manière de parler des choses et il est vrai que notre manière habituelle porte à juger. Vous avez aussi des exercices de relativisation. Nous jugeons toujours par rapport à quelque chose. Que qualifier de bien et de mal ? Quand je pose cette question, on me répond :"Oui, tuer c'est mal." Là, je rétorque en parlant de cet homme qui a eu un accident et qui demande qu'on l'aide à mourir parce qu'il ne peut plus agir dans ce sens lui-même, étant complètement invalide, il ne communique plus qu'en clignant d'un œil. Quelqu'un qui souffre autant, serait-ce un acte que l'on peut qualifier de mal de l'aider à s'en aller ? On voit ainsi que même le fait de tuer n'est pas toujours qualifiable de mal.

    La dualité existe, cela fait-il partie de votre enseignement ?

    J'essaie de sortir de la dualité en la relativisant, pour être plutôt dans quelque chose de l'ordre de l'éprouver. Nous avons tous en nous un système émotionnel couplé à un système de besoins. Les émotions nous indiquent si c'est agréable ou désagréable. Nous avons appris à ne pas nous fier à nos émotions, c'est troublant. Par exemple, l'enfant qui a fait une chute à vélo, qui saigne, qui est effrayé et qui a peur, quand sa mère lui dit que ce n'est rien, c'est un message contradictoire. À force d'être bombardé par ce genre de messages, l'enfant se coupe de ses émotions. Les seules références qui restent, ce sont celles des autres, c'est globalement le discours du bien et du mal, discours hautement manipulatoire, il n'y a pas si longtemps, on brûlait encore des gens en pensant faire le bien. De même que certains vont se faire exploser dans un marché, tuant du même coup plusieurs personnes, en pensant faire le bien. Force est de constater que ce concept de bien et de mal est très souvent manipulé.

    Au sujet du pardon justement, avez-vous entendu parler des cercles de pardon d'Olivier Clerc ? Pensez-vous que ce rituel soit utile ? Pour la personne ? Pour l'entreprise ?

    Je connais personnellement Olivier Clerc avec lequel il m'est arrivé de collaborer. Je n'ai pas eu l'occasion de participer à un cercle de pardon. A priori, cela me paraît intéressant. Maintenant, comme pour toutes les démarches, le temps va permettre de mesurer les résultats. J'ai lu des témoignages intéressants. Au-delà de l'outil lui-même, si une personne en retire un bienfait sur la durée, je ne peux être que partisan. Un effet spectaculaire peut n'être que momentané. Le résultat sur la durée m'intéresse davantage que l'outil lui-même.

    Êtes-vous heureux Yves-Alexandre Thalmann ?

    Oui et non. J'anime depuis plusieurs années des ateliers au moyen de la psychologie positive, c'est mon domaine de compétences. J'aime à dire que nous sommes tous des intermittents du bonheur. Penser que le bonheur est un état stable et définitif peut amener à la déception. La vie est faite d'aléas, de changements, elle est dynamisme. Grappiller le plus possible de petits moments de bonheur et les mettre bout à bout comme les perles d'un collier me semble une bonne idée. Je vis des moments de bonheur, je peux douter aussi, des émotions désagréables m'assaillent parfois. Globalement, j'essaie de faire pencher la balance du côté agréable. Après, rester stable quand les vraies tempêtes arrivent, je pense que cela demande un travail encore plus poussé. Pour boucler la boucle, on peut revenir aux moines bouddhistes qui méditent plusieurs heures par jour, il y a cette notion d'entraînement, de pratique pour être capable de garder cet état méditatif jusqu'au cœur de la tempête. La plupart des gens n'ont pas cette volonté. Malheureusement, les adeptes de développement personnel, parfois au moment de l'épreuve, oublient et reprennent leurs vieilles habitudes. Pour répondre à votre question je dirais : "Je m'y emploie.".

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    Non, si ce n'est que je me réjouis de vivre ce salon de mieux-vivre à Fribourg.

    Christiane Kolly - 2 novembre 2015


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