• Conversation avec mes fesses

     

    En bleu, c'est la personne, en rose, c'est la partie du corps

     

    Une catégorie de femmes aime les fesses des hommes. Je me souviens d'une amie, quand nous nous promenions quelque part et que l'on voyait devant nous bouger une belle paire de fesses masculines, notre main faisait un mouvement vers l'objet de notre convoitise et se balançait de haut en bas, mais sans toucher, juste pour rire.

    Nous suscitons depuis longtemps de nombreuses convoitises. Ce n'est pas toujours gai d'être fesses. Certains hommes et certaines femmes, surtout celles qui aiment l'amour, aiment aussi se faire pénétrer. Cela s'appelle sodomie, en souvenir de la ville de Sodome. Nous sommes associés à l'impureté, à la corruption.

    Lorsqu'il s'agit de deux adultes consentants, et en admettant que chacun s'occupe de ses affaires et non de porter de continuels jugements sur la vie sexuelle de leurs congénères, cela ne pose pas de problèmes. Cependant, lorsqu'il y a rapport de force, entre un adulte et un enfant, une future vie sexuelle épanouie pour cet enfant me paraît compromise?

    La plupart des adultes qui s'adonnent à ce genre de pratique ont été eux aussi abusés quand ils étaient enfants. Souvenez-vous que pour les enfants, ce sont les adultes qui donnent l'exemple. Ils ont appris que la sodomie faisait partie de l'affection. Plus tard, on leur a dit que c'était mal. Entre leur penchant et la morale, ce n'est pas toujours cette dernière qui gagne.

    Vous voulez dire que cette pratique se transmet de génération en génération?

    Oui. Retrouver le coupable d'origine pour le juger et le condamner et impossible, dans ces conditions.

    Et quelle est votre proposition?

    La question est difficile. Avoir de la compassion pour les uns et les autres. Et puis souviens-toi de la loi du karma. L'abusé a peut-être, dans une autre vie, été abuseur et l'abuseur met en route la probabilité d'être un jour abusé, puisque tout ce que nous envoyons dans la nature nous revient. On pourrait aller jusqu'à dire que la justice des hommes est inutile, mais on ne le dira pas.

    Quand je pense qu'il s'agit parfois de nouveau-nés, cela me fait frémir d'horreur.

    C'est là justement que la loi du karma permet de se sentir le moins inconfortable. Imaginons que ce nouveau-né a choisi de revenir sur terre dans ces conditions parce qu'il a été pédophile dans une autre vie!

    C'est une manière très simple de se débarrasser du problème. Ce nouveau-né est impuissant à se défendre.

    Nous ne disons pas que cet acte peut être accepté, loin de là. L'idée serait plutôt de dire: je ne suis pas d'accord, je ne comprends pas, mais je ne juge pas, je laisse aux autres le droit d'avoir des faiblesses, j'ai de la compassion même pour le pire personnage, vu de ma fenêtre, qui existe sur terre.

    S'occuper de ses affaires, encore une fois.

    Les hommes sont des juges si sévères. Il est pourtant vrai que pendant que nous sommes occupés à juger tous les individus peu recommandables qui existent sur terre, nous avons moins de temps pour regarder nos propres actions, pour chercher des moyens de s'améliorer, d'évoluer.

    Et la comparaison est à notre avantage, notre égo se sent bien de se sentir meilleur.

    Bref. Changeons de sujet. Pourquoi dis-tu parfois que tu as payé un objet [la peau des fesses]? Nous sommes pourtant toujours là, serais-tu d'accord de nous abandonner la peau en échange de quelque chose?

    Expression qui veut dire que l'objet a coûté cher!

    Evite, cela vaut mieux. Mais dis-nous, il t'arrive de nous serrer l'une contre l'autre?

    [Serrer les fesses], avoir peur. C'est un réflexe que de se crisper, se fermer…

    Nous sommes à la base du corps physique, base de la colonne vertébrale, à l'axe du support pour les jambes, nous méritons de regagner en considération.

    Vous êtes aussi les éboueurs du corps?

    Oui, par le gros intestin, nous transportons et permettons d'éliminer les matières organiques qui n'ont pas été assimilées plus haut. Nous permettons à l'organisme de ne pas s'encrasser, s'intoxiquer. Une grève d'éboueurs, c'est horrible pour une ville!

    Durant la constipation, vous retenez, vous faites le travail mais plus lentement, quel est le message?

    Quelles sont les questions! Tu peux t'en poser plusieurs. As-tu peur de perdre quelqu'un? As-tu peur de perdre quelque chose? Te retiens-tu parce que tu as peur de déplaire? Que ne veux-tu pas lâcher?

    Et si ces questions n'évoquent rien?

    Tu es peut-être très attachée au matériel, tu as de la peine à laisser aller ce qui ne te sert plus. Tu mets de côté, à la cave ou au galetas, au cas où…

    … je manquerais, peur du manque?

    Il peut s'agir aussi d'expériences mal vécues, mal digérées, mal assimilées. Les vieilleries restent là alors que le cycle normal de la vie serait de les laisser s'en aller.

    Vous parlez aussi de temps, d'attention, d'affection, d'écoute, de soutien, d'argent?

    Peut-être que tu donnes parce que tu n'oses pas ne pas le faire, ce serait mal vu, tu te sentirais coupable. Mais au fond, tu préfèrerais tout garder pour toi.

    Quels conseils donnez-vous?

    Laisse aller les vieilles affaires, fais de la place pour du nouveau, dans tous les domaines, les croyances, les idées noires, ne retiens pas ce que tu penses, dis-le et tu te sentiras plus légère. Fais l'expérience du vide. Regarde autour de toi, dans la cave, dans les armoires. Débarrasse-toi de ce que tu n'as pas utilisé depuis un an. Tu te sentiras mieux, moins encombrée…

    Dans d'autres cas c'est le contraire, la diarrhée fait que la personne rejette?

    Rejeter avant d'avoir pu assimiler ce dont le corps a besoin, rejeter les idées, les choses avant d'avoir réfléchi, avant de savoir si ces idées, ces choses sont bonnes pour elle. Il se peut aussi que la personne trouve que ce qu'elle doit assimiler sur le moment est trop difficile pour elle, alors elle rejette.

    Sans savoir si c'est bon pour elle?

    Elle refuse un aliment, une expérience, une leçon, une information. Elle se prive de jouir de la vie, elle se prive de reconnaissance.

    Et comment inverser le mouvement?

    Commencer par se faire chaque matin devant la glace, un genre de monologue [Je suis une bonne personne], [Pour l'instant mes peurs m'incitent à rejeter la vie], [J'accepte mes peurs, je fais chaque jour un bout de chemin vers une plus grande estime de moi-même], [Je mérite ce qui m'arrive et je vais faire un effort pour l'assimiler], [Je nourris mon esprit de pensées positives pour moi-même], si quelqu'un ne s'estime pas, cette estime ne peut venir des autres, charité bien ordonnée commence par soi-même, proverbe latin.

    Mais c'est de l'égoïsme…

    Souvent, les grands maîtres ont dit les mêmes choses sous une autre forme. Jésus nous a dit [Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là].

    J'ai entendu depuis que je suis née, qu'il fallait aimer Dieu, mais surtout qu'il fallait aimer son père et sa mère, qu'il fallait aimer son prochain, être généreux, partager, savoir s'oublier soi-même. Il me semble que s'aimer soi-même n'ait pas la cote… J'ai passé pour une égoïste dans beaucoup de circonstances.

    Egoïsme, attachement excessif à soi-même, qui fait que l'on recherche exclusivement son plaisir et son intérêt personnels, selon le dictionnaire Robert. Pose-toi la question, as-tu recherché exclusivement ton plaisir et ton intérêt?

    Parfois oui. On n'est jamais si bien servi que par soi-même… Et je me dis que si je ne satisfais pas moi-même mes désirs, mes besoins, si j'attends que les autres le fassent à ma place, je peux attendre encore longtemps.

    C'est un égoïsme intelligent, et nous savons qu'il t'arrive aussi de penser aux autres, d'être généreuse, de partager.

    C'est vrai. Mais si j'étais égoïste en toutes circonstances que pourrait-il se passer.

    Nous revenons à la loi du retour, au boomerang, à la loi de cause à effet. Tu te comportes en égoïste, tu ne penses qu'à toi et à ton propre plaisir, quel est le prix à payer?

    Accepter d'avoir un jour en face de moi quelqu'un qui se comporte de la même manière. Accepter d'avoir un jour envie de partage et essuyer un refus. Accepter d'avoir un jour besoin qu'on me donne et essuyer un refus.

    Oui. Tu te couperais aussi au plaisir de recevoir. C'est un peu de l'art, de savoir donner et de savoir recevoir. Donner sans attente, juste pour le plaisir d'être généreux et de voir l'autre content. D'ailleurs, si tu fais un cadeau et que l'autre n'a pas l'air satisfait, c'est pas la joie?

    Je peux toujours lui demander si cela lui plaît?

    Et accepter que sa réponse pourrait être non. Par contre, s'il dit oui et qu'il pense non, ce n'est plus ton problème. Il apprendra un jour que l'authenticité est une amie ou alors il continuera de recevoir des cadeaux qui ne lui plaisent pas.

    Le plaisir de donner et le plaisir de recevoir, recevoir même si ce n'est pas exactement ce que l'on attend, pas facile?

    C'est vrai. Tu peux simplement ressentir la joie que l'autre a de donner, il a réfléchi, il s'est déplacé dans un magasin, il a choisi pour toi. S'il est tombé un peu à côté, ce n'est pas bien grave, tu pourras donner cette chose qui te plaît relativement à quelqu'un d'autre.

    Mais non, et si la personne l'apprend?

    A toi, ici d'être authentique. Si elle te demande si ça t'a plu, dis-lui franchement que, puisqu'elle te le demande, tu te permets de lui dire la vérité. Si elle ne te demande rien, tu es libre de faire ce que tu veux de l'objet puisqu'il t'appartient.

    Il m'est arrivé un jour de voir un cadeau que j'avais offert à une personne chère chez une autre, et cela m'a fait un peu de peine. Je comprends mieux et j'accepte aujourd'hui que si ça ne lui plaisait pas vraiment, elle était libre d'en disposer à son goût.

    Recevoir en prenant contact avec la joie du donneur de donner. Donner en prenant contact avec la joie du receveur de recevoir, cela permet à une bonne énergie de circuler, c'est se mettre au service de la vie.

    Merci de cette page philosophique, mais recevons à nos moutons, non à vous… Lorsque j'étais enceinte, j'avais tous les jours une douleur persistante au coccyx.

    Cet os est d'une extrême sensibilité. Il termine la colonne vertébrale, se trouve à la base. Il représente les besoins de base. La femme enceinte qui a ce problème va vers un bouleversement de sa vie et s'inquiète pour le futur.

    Je m'inquiétais énormément de l'avenir matériel de notre future petite famille.

    Cette douleur aux coccyx était là pour te dire qu'il fallait faire confiance à l'univers.

    J'étais une jeune femme indépendante, j'allais devoir accepter d'être dépendante de quelqu'un…

    Tu culpabilisais de t'asseoir sur ton derrière et de vouloir que quelqu'un s'occupe de toi. Tu voulais te montrer active, mais surtout pas dépendante.

    Pour une femme enceinte qui a un caractère libre et indépendant, la dépendance, l'espèce de handicap professionnel que représente la maternité n'est pas facile à accepter. Je me souviens de ma colère contre les assurances. J'étais en arrêt maladie. Je n'étais pas malade, je travaillais à la continuation de l'espèce.

    Tu réalises que ces douleurs au coccyx, nous les avons envoyées pour te faire comprendre que ta colère, ton indignation n'était pas bonne pour toi, que le système n'était pas parfait, qu'il pouvait s'améliorer, s'adapter au changement dans la vie d'un couple.

    Je voyais cela comme une injustice profonde d'ailleurs j'en ai déjà parlé. J'étais considérée comme malade alors que j'allais mettre au monde un enfant. Par contre, mes jeunes collègues masculins absents la moitié de l'année pour raison militaire étaient très bien considérés alors qu'ils allaient apprendre la guerre, apprendre à tuer.

    Comme tu y vas, il faut bien que les hommes apprennent à défendre leurs foyers?

    Aujourd'hui je relativise, les armées ont peut-être eu leur raison d'être puisqu'il fallait apprendre à se défendre. Je reste convaincue que si aucun homme ne construisait d'engin servant exclusivement à tuer, il y aurait moins de violence entre eux.

    On ne peut le nier, mais il lui resterait toujours ses mains! La nature humaine est faite de grandeurs et de bassesses. Nous sommes dans un monde en évolution. Théodore Monod l'humaniste disait son indignation de savoir que sur la terre, de toutes les espèces vivantes, parmi les mammifères, seul l'homme enseigne à son petit l'art de tuer pour une autre raison que pour se nourrir.

    Pour construire le mur de l'harmonie et de la paix, il suffit que chaque être humain pense à devenir lui-même meilleur. Chaque fois qu'il donnera plus d'amour, plus de pardon, plus de compassion, ce sera une brique de plus à l'édifice.

     

    Converser avec...

    votre corps, par les malaises et maladies,
    il a quelque chose à vous dire...

    Tiré du livre
    "Conversations avec mon corps"
    de Christiane Kolly

    Vous pouvez copier en mentionnant
    l'auteur et le site.

    www.christianekolly.ch

    bouche nez
    bras oreilles
    coeur peau
    cuisses pieds
    dos poumons
    estomac sang
    fesses seins
    genoux sexe
    gorge tête
    jambes ventre
    mains yeux

     


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