• 1 commentaire
  • kevin finel

    Bonjour Kevin Finel, un peu en guise de CV, qu'est-ce qui vous caractérise en 3 phrases ?

    Je dirige l'Académie d'hypnose, une école de formation de praticiens en hypnose. J'ai écrit quelques livres et je donne des conférences un peu partout en Europe sur le sujet. Je garde également une pratique privée de consultations, j'aime beaucoup cela. J'ai 32 ans et j'ai commencé dans le domaine à 17 ans.

    Comme dit Paulo Coelho, quelle est votre "légende personnelle" ?

    Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai été attiré par ce que j'appelle la magie de ceux qui sont capables d'influencer le monde autour d'eux. J'avais 9 ans quand j'ai rencontré une personne que j'apprécie énormément, Jacques Salomé. Par hasard, je passais devant une librairie près de chez moi, il y donnait une conférence. Je me suis arrêté, j'ai écouté. Ce que j'ai compris, je ne m'en souviens pas, mais j'ai trouvé cela magique, cette conversation qu'il tenait sur scène avec quelqu'un. Je suis allé vers lui et nous avons échangé des propos. Là, je me suis dit, moi aussi je veux être un magicien dans ma vie. À 12 ans, j'ai lu un livre que Jacques Salomé m'a conseillé, qui traitait de PNL et d'hypnose, les deux sont liés. J'ai été fasciné de découvrir combien avec des mots, on peut toucher le coeur des gens et les aider à évoluer. J'ai rencontré d'autres personnes qui m'ont influencé après, mais cela a été le point de départ. Dès mon adolescence, j'ai commencé à suivre des stages, à me former dans de nombreuses et diverses techniques, comédien ou conteur en autres, mais je revenais toujours à l'hypnose. J'ai ouvert un peu naïvement mon premier cabinet de consultations à 17 ans. Avec d'autres, nous avons réalisé qu'une formation complète d'hypnose n'existait pas encore et nous l'avons créée. L'Académie d'hypnose, petite au début a depuis beaucoup grandi, elle est maintenant présente dans plusieurs pays et est devenue la principale école d'hypnose dans le monde francophone.

    Le thème de notre salon du mieux-vivre est "ma famille, mes racines", désirez-vous nous en dire un peu plus sur ce thème ?

    En hypnose, on travaille peu sur le passé ou sur l'origine, mais d'avantage sur leurs racines mentales. On imagine que la personne à la base de son identité a une intention et qu'ensuite elle se rapproche dans sa vie de ce qui va refléter cette intention. Ainsi les racines se renouvellent plusieurs fois dans une vie. On travaille sur ce qui a amené la personne à sa vision du monde, et les proches ont une influence certaine, ceux qu'on a pris comme modèles. En thérapie, il s'agit de faire un tri entre ce que la personne veut garder et ce qu'il serait bon pour elle de laisser. Comme dans toutes choses, il s'agit de trouver un bon équilibre dans ces choix, sans vouloir tout rejeter, ni tout garder.

    Le thème de votre intervention est l'hypnose moderne, y aurait-il une hypnose ancienne et quelle différence faites-vous entre les deux ?

    Pendant très longtemps, l'hypnose était ce que l'on peut voir encore dans les spectacles aujourd'hui, autoritaire, avec une prise de pouvoir sur les personnes, un côté manipulation. Au siècle dernier, un grand psychiatre, Milton Erickson a permis une autre forme d'hypnose, c'était un grand génie de la communication qui, à partir de problématiques personnelles, il a eu la polio, certains handicaps, s'est rééduqué lui-même. C'est ainsi qu'il a découvert l'auto-hypnose, une manière d'utiliser le mental pour agir sur le corps. Il a inventé une hypnose différente où les gens restent maîtres d'eux-mêmes, avec l'idée que l'hypnose est une prise de conscience et non un endormissement. C'est cela l'hypnose moderne ou ericksonienne. Il s'agit d'apprendre aux personnes à être libres et non conditionnées, à apprivoiser leur inconscient. C'est un peu le travail d'un scénariste ou d'un conteur qui va amener la personne à être le héros de sa propre vie et à se reconnecter à ce qu'elle est vraiment.

    Votre conférence a lieu le vendredi 13, je me souviens que ma mère avait peur de ces vendredis 13, quelle est votre opinion à ce sujet ?

    Quand on croit quelque chose, on peut tendre à le rendre réel. C'est à la fois vrai et faux. C'est vrai parce qu'on le crée, c'est faux parce qu'on pourrait aussi créer autre chose. Le travail sur les croyances est fascinant. Si quelqu'un est persuadé de ne pas avoir de chance, il va finir par ne pas en avoir. La personne est capable de se créer des situations extrêmement complexes, pour valider la croyance qu'elle peut avoir. Libre à chacun de se dire, "Tiens je sais que cela est faux, mais ça me plaît d'y croire, alors je continue d'y croire, sans être dupe, en me disant qu'un jour, je n'aurai plus besoin d'y croire."

    Vous êtes directeur de l'Arche, Académie de Recherche et de Connaissance en Hypnose Ericksonienne que vous avez créée, comment vous est venue cette idée de créer un lieu où on pratique l'hypnose ?

    Il s'agissait de réunir des gens passionnés par le sujet et de le faire avancer. C'est une technique qui en est à ses débuts. La neuroscience nous donne beaucoup d'informations et elle va permettre de faire évoluer l'hypnose, d'éviter qu'elle ne se fige dans quelque chose. L'ARCHE permet cela aujourd'hui, avec les nombreuses personnes qui viennent, on fait de la recherche, des expériences en se disant que ce que l'on sait, on peut l'améliorer. Il est important de garder une remise en cause, de tendre à l'évolution, c'est une sorte de laboratoire.

    J'ai regardé une de vos vidéos publiques, comment faites-vous pour poser les bonnes questions, pour percevoir les dysfonctionnements, les croyances limitatives des personnes que vous recevez ?

    Avec la pratique, il y a certainement une part d'intuition qui se met en place. Je crois que c'est beaucoup d'observation. La base de l'hypnose c'est cela, observer les gestes, le corps ne ment pas, alors que les mots... notre éducation nous apprend plus à écouter, mais regarder est une grande source d'informations. Avec un peu de pratique, on entend ce qui n'est pas dit, et cela amène à poser les bonnes questions.

    La télévision suisse vous a suivi pour un reportage qui parle de l'hypnose dans les écoles, comment avez-vous vécu cette expérience, comment appréciez-vous la Suisse ?

    C'était une belle expérience, l'idée est d'apprendre aux personnes à maîtriser leur cerveau, cela me semble fondamental. Ce reportage de la RTS était une belle occasion de promouvoir l'hypnose. En France, les gens sont plus fermés aux nouveautés de ce genre, tandis qu'en Suisse il y a une plus grande ouverture, une plus grande envie de dépasser les cadres établis. Si l'hypnose pouvait être apprise à l'école, il y aurait beaucoup moins de problèmes plus tard.

    Vous avez écrit depuis 2009, 6 ouvrages qui traitent de l'utilisation de l'hypnose dans différents domaines, avez-vous un projet d'écriture en route et de quoi traite-t-il ?

    Plusieurs, un livre sur l'hypnose conversationnelle qui est l'hypnose en communication. Récemment, j'ai écrit une pièce de théâtre pour laquelle les répétitions ont déjà commencé, une pièce de théâtre hypnotique, avec de l'hypnose, qui en enseigne certains éléments, l'idée étant de faire vivre aux spectateurs des contes initiatiques avec des expériences hypnotiques.

    En admettant que nous soyons venus sur terre pour évoluer, que tout tend à évoluer, et que notre vie nous met en face de certaines difficultés, de blessures à soigner, vous, Kevin Finel qui sembler un modèle de sérénité et de paix intérieure, qu'êtes-vous venu apprendre sur terre ?

    J'ai l'impression que ma mission essentielle est une mission de transmission. Nous avons tous des capacités dans certains domaines, j'ai cette possibilité de transmettre alors je tente de l'exercer au mieux. Il y a quelques années, j'avais un cabinet et je recevais 30 à 40 personnes par semaine. Un jour, je me suis réveillé en me disant un peu comme "ça c'est fait", cette mission est terminée. Pendant quelques mois, j'ai vécu un grand vide, pour voir arriver la mission suivante, celle de transmettre. La transmission permet l'exploration de toutes les facettes personnelles, de la diversité intérieure et aujourd'hui cela me touche profondément, il y a sans doute en moi quelque chose à réparer par rapport à cela.

    Avez-vous décidé de vous passer de téléphone portable ?

    Jusqu'à il y a un an, je passais trop de temps sur mon téléphone. Les mails ont quelque chose de pratique, on peut y répondre le matin et le soir. Je privilégie l'écrit, ça demande de poser les choses, d'y voir clair.

    Êtes-vous heureux Kevin Finel ?

    Oui, je le crois, puisque je ne me pose pas la question. J'ai l'impression d'être à ma place, tout simplement. Quand je me réveille le matin, j'ai ce sentiment de faire ce que j'ai à faire. Tant que je fais ce pourquoi je suis là, ça me donne du bonheur, et cela devient ma boussole.

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    J'espère que cette conférence sera l'occasion pour certains de découvrir l'hypnose, de la démystifier, de faire tomber les à priori envers cette technique. Je suis heureux aussi de l'ouverture de la future agence de l'ARCHE à Genève, avec une première formation prévue en octobre. 

    Christiane Kolly - 30 septembre 2015


    votre commentaire
  • elisabeth horowitz

    Bonjour Elisabeth Horowitz, J'ai vu sur facebook que vous êtes sensible à la maltraitance des animaux, êtes-vous végétarienne et si oui, pourquoi ?

    Oui, je suis végétarienne, je l'ai été très tôt, de 15 à 25 ans. Après durant une période j'ai mangé un peu de viande, mais depuis quelques années, j'ai complètement arrêté. Ce n'est pas à cause d'un rejet de la viande, mais plutôt parce que la maltraitance des animaux a atteint un tel niveau de barbarie, souvent caché au grand public, que je ne veux pas être complice de cette manière de faire qui va à l'encontre des valeurs humanistes que nous, thérapeutes tentons de développer.

    Quelle est l'origine de votre nom et cela a-t-il un lien avec le fait que vous ayez été attirée par la psychogénéalogie ?

    Horowitz est mon nom d'auteur. Je l'ai choisi pour l'admiration que je porte au pianiste Vladimir Horowitz. Dans ma famille, personne n'a de carrière artistique ou littéraire, je n'avais aucun héritage dans le domaine, ils sont plutôt dans l'administration. Je savais que pour réussir, il fallait que je choisisse un autre nom pour changer de destin. Cela fait partie des stratégies proposées en psychogénéalogie, vous pouvez changer de prénom ou de nom de famille, par exemple lorsque vous avez hérité d'un prénom lourd à porter, ou celui d'une personne prématurément décédée dans la famille ou encore le prénom d'une personne cachée comme la maîtresse du père.

    Sur votre site j'ai lu : Thérapeute spécialisée en analyse du roman familial, fondatrice de l’Association Française de Psychogénéalogie. Cela correspond au thème de notre salon de Fribourg "Ma famille, mes racines", qu'est-ce qui vous a amenée à travailler dans ce domaine en particulier ?

    Le déclencheur a été un article dans la revue Psychologies, revue à laquelle j'ai été abonnée dès les années soixante-dix. Le transgénérationnel m'a tout de suite attirée, domaine qui à l'époque n'était pas du tout développé. Je me suis installée en tant que thérapeute dans les années quatre-vingts, et j'ai commencé à pratiquer uniquement sous l'aspect transgénérationnel. Dès la première consultation, l'arbre généalogique était monté jusqu'aux grands-parents, pour replacer la difficulté dans le cadre de l'histoire familiale.

    Une de vos conférences, c'est "L'arbre généalogique et la santé". Selon vous, il y aurait donc un lien ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

    Dans la majorité des cas de symptômes qui peuvent émerger au cours de notre vie, c'est la loyauté envers les membres de notre famille, grands-parents, parents, oncles et tantes, cousins et cousines, qui inconsciemment nous fait déclarer ces maladies. C'est une manière de faire partie du clan. L'âge est le principal déclencheur des symptômes. Dans mes consultations, je découvre de nombreux cas en posant les questions suivantes : "Dans votre famille, des membres ont-il déjà eu ce genre de symptôme ou de maladie ?" "Quel âge avez-vous ?" "Que s'est-il passé au même âge pour vos parents ou vos grands-parents ?"

    C'est l'environnement familial dans lequel on est né, pensées, croyances, habitudes qui va déterminer le type de maladies de la personne ?

    Personne ne vit isolé, tout le monde naît au milieu d'un système, quel qu'il soit et un phénomène de répétition par loyauté existe. Freud déjà posait la question : "Quelqu'un dans votre famille a-t-il déjà eu ce type de problème ?" Freud avait découvert que le phénomène de répétition était actif. Un cas récent, une femme vient de déclarer un cancer du sein. Mes questions font apparaître les faits suivants : son fils vient d'avoir douze ans, quand elle-même avait douze ans, ses parents avaient divorcé, elle a dû déménager, beaucoup de changements difficiles pour elle. Pour survivre, la réaction de l'humain est différée et le symptôme peut surgir lorsque nos enfants atteignent l'âge où nous-mêmes avons vécu le traumatisme. Lorsque des conditions similaires se présentent, le terrain est favorable à la manifestation du symptôme. Il existe une horloge interne. Arrivé à un âge sensible, si l'on n'est pas conscient, on peut manifester des symptômes par loyauté. En conscience, on peut se dire, "Tiens, je fais un symptôme de loyauté envers ma mère, je le perçois, mais c'est une illusion." et le symptôme peut disparaître.

    Une autre conférence, c'est : "De la Psychogénéalogie aux Actes symboliques" qu'entendez-vous par acte symbolique ?

    C'est la réponse à cette question : "Maintenant que j'ai compris d'où viennent les problèmes, je fais quoi avec cela ?" Actes symboliques, nouvelle discipline qui émerge dans les sciences humaines. La société va de plus en plus vite et on veut des solutions rapides et efficaces. Actes symboliques, mini-rituels mis en place pour régler des problématiques de l'histoire familiale, maltraitances, préférences, deuils, mini-rituels qui vont résoudre les problèmes en un temps record. Tout ce processus est bien détaillé dans mon livre paru chez Jouvence : Les actes symboliques.

    Avez-vous un exemple d'acte symbolique ?

    Pour dépasser un problème de maltraitance par les parents, vous pouvez commencer par faire un immense poster de ce parent et petit à petit réduire la taille de la photo jusqu'à la grandeur d'un timbre poste. Si le parent en question est décédé, vous pouvez créer un masque de ce parent et demander à une personne de porter ce masque durant une demi-journée pour pouvoir communiquer, lui dire ce que vous avez sur le cœur.

    Sur le premier site francophone chrétien de relation d'aide professionnelle, j'ai trouvé la description détaillée de votre ouvrage "Se libérer du destin familial, devenir soi-même grâce à la psychogénéalogie." Selon vous, y a-t-il un lien entre l'évolution personnelle et la religion et quel est-il ?

    Le premier niveau, c'est de travailler sur ses origines, sur l'héritage transgénérationnel. Chaque génération est victime en quelque sorte de la génération précédente. Après, l'être sera disponible pour accéder à d'autres niveaux de conscience. Nombre de névroses viennent de la religion pratiquée dans le milieu familial, malheureusement parfois devenue un frein à l'évolution.

    En quelques mots, quelle peut être l'influence de nos quatre grands-parents sur notre vie personnelle ?

    Comment ils se sont rencontrés, le type de couple qu'ils ont formé, l'éducation qu'ils ont donné à nos parents, le fait que nos parents aient été soit les enfants préférés, soit les enfants délaissés voire maltraités, leur position dans la fratrie, l'écart d'âge entre les enfants, s'ils étaient des enfants de remplacement, les secrets des familles, tout cela aura des conséquences importantes sur notre propre destinée. Moi-même, je suis l'aînée et cela a eu des conséquences dans ma vie. La configuration familiale en elle-même crée déjà une destinée.

    C'est une grande question pour moi : les secrets de famille, est-il préférable qu'ils soient révélés ou précieusement gardés et dans le premier cas, de quelle manière faut-il les dire ?

    Il n'y a pas de règle absolue. Selon moi, il vaudrait mieux que chacun ait connaissance des secrets de sa famille, mais la prudence est de mise dans le domaine. On peut être victime d'un secret de famille si on l'ignore totalement. Par exemple, tout le monde sait d'une personne que son père n'est pas son père, sauf elle-même. C'est arrivé à une de mes clientes qui l'a appris par sa mère, au décès de son père. Cela a été une explication au fait qu'elle n'avait jamais réussi à former un couple. Dans cette situation, taire le secret a eu des conséquences graves. Il y a une autre situation où une femme sait que sa sœur n'a pas le même père qu'elle, mais la mère lui a fait jurer de ne jamais en parler. Chaque fois que les deux sœurs se voient, le secret plane entre elles. Dans ce cas, il vaut mieux le dire. Le secret peut ronger une personne et la rendre malade, comme un de mes clients dont la fille va se marier, il vient de déclarer un cancer du pancréas, il n'est pas le vrai père de sa fille mais ne l'a jamais dit et ça le ronge. Dans ce cas-là, il est urgent de révéler le secret.

    Faire un travail sur soi en psychogénéalogie va-t-il avoir des conséquences sur les générations futures, mes enfants, mes petits-enfants ?

    Bien sûr, cela va permettre de ne pas répéter ce que l'on a subi, cela va amener à une prise de conscience de nos comportements inadéquats envers nos enfants. En plus vous pourrez faire les deuils qui doivent être faits, analyser les syndromes d'échecs par exemple ou encore réaliser l'importance de laisser aux enfants le choix de faire ce qu'ils aiment dans la vie. En résumé, c'est une remise en cause du fonctionnement familial.

    Un pont entre le conscient et l'inconscient, quel procédé utilisez-vous ?

    Il y a d'abord l'analyse des rêves, le rêve est un des principaux pont entre le conscient et l'inconscient. J'ai l'exemple d'une patiente qui a rêvé que son frère avait un enfant caché. En lui posant la question, elle a découvert que c'était une réalité. Cela a modifié ses liens familiaux. Vous aurez également des révélations par les synchronicités, si vous rencontrez par hasard un ami d'enfance que vous n'avez pas revu depuis plusieurs années, il se peut qu'il détienne une information que vous ignorez. Les voisins, les commerçants, les amis, les médecins, les parrains et marraines, les personnes qui sont en périphérie de l'arbre généalogique peuvent détenir des secrets qui vous auraient été cachés. Les rencontrer par hasard, l'inconscient familial peut les avoir placés sur votre chemin et il vaut la peine de les interroger. Une autre donnée importante, ce sont les repas familiaux. Dans les constellations familiales, nous remettons en scène des événements qui ont été traumatisants. Le dessin aussi permet de poser sur le papier des troubles, toutes sortes de traumatismes en vue de les regarder et de commencer à les soigner.

    Quand on devient thérapeute, à mon avis, c'est parce qu'on en a un grand besoin pour soi-même. Quelles problématiques personnelles vous a le plus touchée lors de votre propre formation ?

    Oui, c'est possible. Pour ma part, dans ma famille nous étions déjà orientés vers le social. Cela correspond aussi à une espèce de vocation. C'est un métier délicat qui ne peut pas être improvisé. Un grand amour de l'humain est indispensable. Chez moi, un secret a été longtemps bien gardé, ma grand-mère maternelle a été internée en hôpital psychiatrique pendant longtemps, elle y est décédée. La maladie d'Alzheimer n'existait pas, c'était plutôt : folie, troubles psychotiques ou schizophréniques. Je ne l'ai pas appris par ma famille, mais par la seconde épouse de mon père qui un jour me l'a avoué. Cette grand-mère avait été traitée aux électrochocs et c'est cela qui inconsciemment m'a amenée à choisir cette voie, pour la soigner à posteriori.

    Vous êtes également auteur de plusieurs ouvrages, l'écriture est un travail de solitaire tandis que l'animation et les conférences sont tournées vers le public. Quelle partie préférez-vous et pourquoi ?

    Dans une première phase, j'ai fait beaucoup de conférences, mais depuis dix ans, j'ai préféré l'écriture. Maintenant, je reviens. Fribourg sera le départ d'une nouvelle série de conférences. C'est une alternance. J'aime les deux choses.

    Êtes-vous heureuse, Elisabeth Horowitz ?

    Euh... Question difficile, nous passons tous par des phases de remise en question. Il y a des carrefours dans la vie... C'est une bonne question, merci de l'avoir posée ! Rires... Je pense que je pourrais être plus heureuse que je ne le suis. J'espère être plus heureuse dans le futur ! Voilà !

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    J'espère que ces deux conférences correspondent aux attentes du public suisse. J'ai aussi fait de la publicité sur les réseaux sociaux. On viendra aussi de France. Je fais le vœu que la conférence sur les actes symboliques, titre de mon livre édité chez Jouvence, ait du succès. Les rituels proposés correspondent aux besoins du moment. A bientôt à Fribourg. 

    Merci Elisabeth Horowitz

    Christiane Kolly - 17 octobre 2015


    votre commentaire
  • Sylvie Ouellet

    Bonjour Sylvie Ouellet,
    C'est un joli nom Ouellet, d'où vient-il ?

    Ça vient de France, de la Bretagne, mais le nom s'est déformé au fil des ans.

    Serait-ce la chanson de Pétula Clark des années 70 qui vous a donné l'idée du titre de votre conférence et pensez-vous que l'humour soit utile en matière de communication avec les âmes ?

    Vraiment c'est particulier, votre demande parce que je commence toujours cette conférence par deux questions : "Qui veut aller au ciel" et "Qui veut mourir ?" et effectivement cela vient de cette chanson (écoutez ici) que j'ai fredonnée souvent. Les paroles sont toujours d'actualité et je me sers de l'humour pour dénouer certaines peurs et dérider le thème de la mort puisque le fait de juste prononcer le mot amène une lourdeur. On peut rire de la mort sans la prendre trop au sérieux, mais elle a aussi des côtés bien plus lumineux qu'on croit.

    Comment s'est passée la transition entre le métier de notaire et le vôtre ? À propos, comment définissez-vous votre métier ?

    On pourrait y accoler toutes sortes d'étiquettes. Je me définis comme quelqu'un qui se spécialise dans le passage de la mort et de la naissance, parce que c'est mon centre d'intérêts, ma passion depuis plusieurs années. Je suis en recherche permanente de tout ce qui se passe autour de ce sujet. Il s'est écoulé plusieurs années entre les deux métiers, la transition ne s'est pas faite d'un jour à l'autre. La méditation que j'ai commencé à pratiquer régulièrement a été un élément déclencheur. Après quelques mois de cette pratique, j'ai reçu un jour une communication avec un défunt, ce qui était pour moi improbable à ce moment-là. Je me définissais comme rationnelle et entière, bien dans la matière, tout ce qui était éthéré, je pensais ne pas pouvoir y accéder. Cette première communication m'a projetée dans une quête de compréhension, j'avais mille et une questions mais aucune réponse. Ce qui se passe après la mort, je m'y étais intéressée d'un point de vue testamentaire, limité à l'aspect matériel, pas du tout à l'aspect spirituel. Après cette première expérience, j'ai ressenti le besoin de lire, de suivre des formations pour tenter de comprendre. En même temps, j'ai continué à recevoir des messages de défunts, ce qui m'a amenée à finalement accepter cette probabilité que je sois médium. Cela m'a pris plusieurs années, l'idée que je me faisais de ma propre personne n'avait rien à voir avec un médium. Après avoir écrit mon premier livre sur le sujet, j'ai commencé à animer des conférences.

    Aujourd'hui, on a coutume d'entendre : "On choisit ses amis, mais pas sa famille !" Qu'avez-vous à dire au sujet de cette affirmation ?

    Rires... C'est une impression, les amis on les choisit, la famille nous est imposée. Quand on regarde les types de relation que l'on a parfois avec ses proches, on se dit "Je ne suis pas masochiste à ce point, j'aurais mieux choisi". On méconnaît le fonctionnement de la vie et celui de la naissance. En s'intéressant au grand passage de la vie d'un point de vue spirituel, on regarde les choses avec les yeux de l'âme. Ces yeux-là ont un autre autre regard sur la vie. Là, on se rend compte que toutes les interrelations, la famille mais aussi les amis, les voisins, les professeurs, les commerçants, toutes ont été soigneusement choisies du point de vue de l'âme pour nous aider à découvrir ce qu'on porte à l'intérieur de soi, ce sont nos miroirs. Ces interrelations ne sont ni hasardeuses, ni imposées, mais acceptées à un autre niveau. Les relations, surtout les plus difficiles, nous amènent à regarder au fond de soi et à mettre en lumière les zones d'ombre qui n'appellent elles aussi que l'amour en soi.

    La vision de l'âme, mais comment faites-vous pour y accéder, à l'âme ?

    À travers la méditation, j'ai découvert qu'à l'intérieur de soi, nous avons constamment deux niveaux de langage qui se déroulent, le niveau du mental ou de la tête et le niveau du cœur ou celui de l'âme. Les sociétés matérialistes nous amènent à utiliser beaucoup plus le langage de la tête, analyser, rationaliser, structurer, nous sommes devenus des spécialistes en la matière. Mais rien ne nous amène au cœur, ce savoir intuitif que nous avons à l'intérieur de nous est délaissé. Nous avons tous cette capacité du langage du cœur, si nous prenons le temps de contacter l'espace du cœur. Dans nos rythmes de vie effrénés, où nous sommes constamment en contact avec l'extérieur, la radio, la télévision, les médias sociaux, nous sommes sur-sollicités de l'extérieur et nous n'avons jamais le temps de contacter notre sagesse intérieure. La vision de l'âme s'acquiert simplement à partir du moment où l'on entre en soi et que l'on parvient à cet espace de silence, à travers le langage du mental.

    Faire le vide ?

    Au début de ma période de méditation, quand il était demandé de faire le vide, plus j'essayais, moins j'y arrivais. Faire le vide, qu'il ne se produise plus rien, je n'y parvenais pas. Au fil du temps, j'ai compris qu'il s'agit plutôt d'accepter tout ce qui est là. En acceptant, l'espace se crée et nous changeons alors de niveau de discours pour accéder à la plénitude, à une forme de connaissance même.

    Croyez-vous que chacun de nous soit venu sur terre avec une mission bien particulière ? Et qu'arrive-t-il si nous passons à côté de cette mission ?

    J'adore vos questions. Oui, certainement, mais je crois que nous avons idéalisé le mot mission de vie et que, par cette idéalisation, nous cherchons au mauvais endroit. À mon avis, la mission de vie n'a rien d'extérieur, en premier lieu. La plupart d'entre-nous cherchons dans une action, dans une profession, dans un geste. Pour moi, la mission de vie est d'abord intérieure, trouver qui nous sommes, c'est cela, beaucoup plus au niveau de l'être. Dans ma conférence "Être l'auxiliaire du bonheur", j'amène ce thème de la mission de vie. Selon moi, pour pouvoir toucher au bonheur, il faut commencer par être. Tant que nous sommes uniquement dans l'action, il manque une dimension. La mission de vie c'est de mettre en lumière notre essence, qui nous sommes, notre unicité. Quand nous aurons touché cette unicité, toutes nos actions porteront la couleur unique de ce que l'on fait et nous aurons la sensation de toucher aussi à notre mission de vie, puisque nous sommes interconnectés avec cette portion de nous qui nous anime. Être dans sa mission de vie, c'est faire corps avec son âme et avec son esprit, c'est être aligné. Une fois que nous y sommes, toutes nos actions portent cette couleur et ça nous amène une joie indicible, communicatrice, qui fait que ceux qui la touche ont aussi envie de se retrouver dans leur mission de vie.

    La capacité de guérison, selon vous, chacun aurait ce potentiel. Pourtant, les habitudes de la majorité des gens seraient plutôt de dire par exemple : "Voilà Docteur, mon estomac ne fonctionne pas, réparez-le, faites-moi passer un scanner ou des ultrasons, et faites-moi une ordonnance qui va coûter bien cher, pas de ces médicaments à deux balles, les plus chers donc les plus efficaces. À ce taux-là, vous serez un bon docteur, Docteur !" Que dites-vous de cela ?

    Rires... C'est représentatif du fonctionnement de notre société. Nous sommes constamment tournés vers l'extérieur. Quand nous arrivons sur terre, durant plusieurs années, nous avons besoin de l'extérieur pour assurer notre survie. Le bébé ne peut pas survivre sans la présence des autres. Mais malheureusement, dans notre société, nous n'avons pas l'enseignement qui nous ramène vers l'intérieur. Les adultes nous maintiennent dans un regard tourné vers l'extérieur. C'est comme cela dans notre société, mais il y en a d'autres où l'enfant est habitué à rester en contact avec sa sagesse intérieure. Nous n'écoutons pas les enfants, c'est l'adulte qui sait, ce qu'il faut manger, comment il faut être. Plus nous grandissons et plus nous nous sentons incompétents pour décider de ce qui est bon pour nous. Je vous raconte une expérience avec mon fils quand il avait environ huit mois. Il avait une forme de sinusite qui ne passait pas. Le médecin que j'ai consulté m'a prescrit un médicament pour asthmatique, avec un masque. Mon fils, habituellement docile aux traitements que je lui donnais, a manifesté fortement sont désaccord, en criant, en gesticulant. Même son père n'a pas réussi à lui donner ce médicament. Cela nous a semblé inconcevable de traumatiser notre fils pour le soigner. Je retourne chez le médecin, me sentant un peu mère incapable de soigner son enfant. Mais le médecin, un remplaçant, cette fois-ci, m'a dit que ce n'était pas le bon médicament, et il m'a prescrit des gouttes que mon fils a très bien acceptées, même si ce n'était pas forcément plus agréable. Cet exemple pour dire que mon fils me signalait que ce n'était pas le bon médicament. Cela m'a fait réaliser que mon fils savait des choses que je ne savais pas et que je devais être à l'écoute de ce qu'il manifestait, même tout petit. Un enfant qui fait une crise, l'habitude est de lui montrer que ce n'est pas comme cela qu'on agit. Mais l'enfant a une sagesse innée. Même s'il est souvent utile de se tourner vers l'extérieur, gardons toujours notre discernement pour vérifier si ce qu'on nous amène comme information vibre avec ce que l'on ressent.

    Mais revenons à cette capacité que vous avez d'accompagner les personnes sur leur chemin vers la mort, qu'est-ce qui vous a amenée à penser que le passage a besoin d'un accompagnement, est-ce une nécessité pour tout le monde ?

    Ce que je comprends aujourd'hui des recherches que j'ai faites, que l'on soit dans le passage de la mort, que l'on soit sur terre ou que l'on soit dans le passage de la naissance, les besoins de l'âme sont exactement les mêmes. Nous demeurons les mêmes dans notre essence et les besoins sont les mêmes. Plus on est proche de la matière dense, de la terre, que l'on soit dans le processus d'incarnation ou dans le retour de l'autre côté, plus nous sommes imprégnés davantage de peurs et d'angoisse, ce qui fait que nous avons besoin d'être accompagnés dans ces transitions. Les passages nécessitent un accompagnement et plus nous comprendrons ce qui se passe au niveau énergétique et au niveau des besoins de l'âme, plus les actions seront adéquates. Actuellement nous ne regardons la naissance que sous l'angle matériel, c'est comme un acquis, c'est la joie, alors que l'âme qui s'incarne a peut-être besoin de soutien.

    Pourquoi ne se souvient-on pas de ce qui se passe avant ?

    Il peut y avoir plusieurs réponses à cette question. Je dirais que c'est comme quand nous sommes étudiants et que nous nous présentons à un examen, nous n'avons pas connaissance des questions avant de passer l'examen. Si c'était le cas, l'examen ne serait plus le même. Le fait de ne pas savoir ce que l'on est venu expérimenter permet de le faire beaucoup plus librement et dégagé de toutes les histoires du passé et de toutes les influences des autres vies. Nous sommes dans un monde de dualité et c'est l'effet de la matière qui vient brouiller ce monde-là. Plus on apprend à se connecter à la voie du cœur, plus la connaissance globale nous est redonnée. La frustration de ne pas se souvenir nous incite aussi à se poser des questions et à trouver une manière d'accéder à cette connaissance.

    J'ai lu sur votre site que vous vous appuyez sur les récentes recherches de la science moderne, quantique et ésotérique, y aurait-il aujourd'hui une preuve scientifique de l'existence de l'âme ?

    Non, parce que nous n'avons pas d'outil pour mesurer ce qui est intangible. Avons-nous une preuve scientifique de l'existence de l'amour, non, nous ne pouvons pas mesurer ce qu'est l'amour, mais nous savons que cela existe. La présence de l'âme ne se mesure pas avec les moyens et les outils que nous avons actuellement. Ceux qui prétendent que l'âme n'existe pas n'ont pas plus de preuve que ceux qui prétendent qu'elle existe. Ce n'est pas parce que ce n'est pas mesurable que ça n'existe pas.

    Vous animez un atelier "Communiquer avec l'âme". Que peut apporter cet atelier et à qui plus particulièrement est-il destiné ?

    Merci d'aborder cette question. L'atelier a pour but d'amener des outils de compréhension de la communication avec l'âme et des moyens pratiques pour la mettre en application. Il s'adresse à toute personne qui désire entrer en relation avec son âme. Tout le monde a une communication avec son âme. Quand mon regard est orienté vers autre chose, je peux manquer beaucoup d'informations qui viennent de mon âme. Depuis dix ans que je donne cet atelier, 95 % des gens quittent en disant: "Je communique avec mon âme mais je ne le savais pas." Il s'agit d'expérimentation pour découvrir le ressenti dans le corps physique.

    Vous êtes également écrivain, vos livres traitent principalement de la venue sur terre, du dialogue avec les âmes et de ce qui se passe après la mort, en aurais-je oublié ? Avez-vous un projet pour un prochain livre ?

    Oui, mon prochain livre parlera plus de l'importance de la naissance dans notre quotidien. Nous ne sommes pas toujours conscients de l'importance de ce qui s'est passé au moment de notre naissance et à quel point on répète toujours les mêmes scénarios, jusqu'à ce qu'ils soient mis en conscience. Je n'ai pas encore écrit sur le sujet et ce thème sera l'objet de mon prochain livre. Dans le dernier, "mourir l'âme en paix" je parle du passage et de ce qui se produit après. Le prochain sera comme l'autre côté de la médaille.

    Êtes-vous heureuse Sylvie Ouellet ?

    J'adore la question et je vous dirais que je le suis de plus en plus. Avant la méditation, ma vie n'avait aucun sens. J'ai traversé un passage très difficile. Et depuis, plus je m'intéresse à la naissance, plus je m'intéresse à la mort, plus ma vie prend de sens, et plus je m'épanouis et j'accède au bonheur. Il y a quelques années je vous aurais répondu spontanément oui, puisque mon niveau de bonheur s'est décuplé. Aujourd'hui je réponds, de plus en plus, parce que je me rends compte que mon niveau de bonheur augmente.

    Avez-vous autre chose à nous dire ?

    J'ai hâte d'être parmi vous. Pour moi c'est une source d'informations importante et riche. J'aime connaître comment les gens voient la naissance et la mort dans différents pays. Ça me donne à réfléchir et à avancer dans mes recherches. À chaque fois pour moi c'est une source de joie. 

    Merci Sylvie Ouellet

    Christiane Kolly - 25 octobre 2015


    votre commentaire
  • Colette Portelance

    Bonjour Colette Portelance, un père cultivateur et une mère institutrice, cela vous a donné une bonne base pour la vie ?

    Une excellente base, pas seulement grâce à leur travail, mais surtout grâce à ce qu'ils étaient. J'ai vécu dans une ferme, dans la nature, les bois, le ruisseau, les oiseaux, les étoiles. Mon père m'enseignait les constellations, j'avais une qualité de relation extraordinaire avec lui. C'était un homme de relation et les gens venaient à la maison pour lui parler. Il avait une grande capacité d'écoute. Sans avoir eu accès à beaucoup d'instruction, c'était un philosophe qui adorait lire, nous lisions parfois les mêmes livres pour pouvoir ensuite échanger nos points de vue. C'est certainement pour cette raison que j'ai par la suite consacré ma vie à la relation, j'ai eu de bons maîtres.

    Votre nom me donne une image, en avez-vous cherché la signification et cela a-t-il eu une influence dans votre vie ?

    Oui, c'est mon nom de fille. Quand je me suis mariée, j'ai pris le nom de mon conjoint, mais je n'ai pas pu le garder, je ne me reconnaissais pas. Mon prénom également je l'apprécie, celui d'un grand écrivain. Notre ancêtre venait de Normandie, probablement du domaine militaire.

    Qu'est-ce qui vous a fait passer de l'enseignement à la relation d'aide ?

    Cela a toujours été ma passion, la relation. Adolescente, je priais pour rencontrer un conjoint avec qui il n'y aurait pas de problèmes relationnels. Ça peut faire rire, parce que des difficultés j'en ai eues comme tout le monde. J'ai cherché, lu des livres, suivi des ateliers, toujours pour améliorer cette relation. Après avoir enseigné à l'école secondaire, j'ai créé sur la base de l'approche non directive créatrice, la formation professionnelle en relation d'aide à Montréal. J'avais une mère institutrice et à l'époque les femmes laissaient leur travail quand elles se mariaient. Ma mère, enseignante-née a souffert d'être éloignée de l'enseignement et je l'ai vue revivre quand elle a repris sa carrière. Elle m'a communiqué ce goût de l'enseignement. C'est vrai qu'à l'époque, les filles étaient infirmière, enseignante ou secrétaire. Je suis l'aînée d'une fratrie de 7 enfants et je jouais à la maîtresse d'école avec mes frères et sœurs. Aujourd'hui, j'anime toujours des ateliers.

    L'écriture occupe une grande place dans votre vie, c'est un métier de solitaire, la formation c'est vivre au milieu de beaucoup de gens, vous avez fait une pause à un moment donné, qu'en est-il ressorti ?

    Oui, j'ai dû tout arrêter à cause d'une maladie auto-immune, je me suis retrouvée en chaise roulante, ni mes jambes, ni mes bras ne voulaient fonctionner, je n'avais pas assez écouté mon corps. J'ai traversé cela comme le reste, avec acceptation. J'aime lire, écrire et mon besoin de relation a été satisfait car mon conjoint a pris soin de moi, et bien des gens passaient à la maison, je suis chanceuse. Bien sûr que cela a été difficile, je ne savais pas que j'avais les ressources, j'ai été découragée, j'ai pleuré aussi, mais j'ai vécu avec cela comme le reste, dans l'apprentissage de l'acceptation.

    La vie de couple, une base dans votre enseignement, quels conseils donnez-vous aux amoureux qui désirent avoir une belle relation ?

    Au pluriel j'imagine ? Rires ! Je pourrais en parler des heures. La première chose c'est l'investissement, avec votre cœur, tout ce que vous faites avec tout votre être, ça donne de bons résultats. Le couple, c'est comme le travail, les enfants, les amis, ça demande de s'en occuper, d'en prendre soin, d'y consacrer du temps. Des têtes à têtes, de la communication, cela est fondamental.

    Une de vos conférences est "Être prisonnier d'un système relationnel", pouvez-vous en quelques mots déjà nous éclairer un peu ?

    Il s'agit de regarder de près des fonctionnements entre des personnes, un couple, une famille, un groupe de travail ou une équipe. Les réactions des personnes arrivent en fonction de leurs blessures, de leurs besoins, de leurs réactions défensives, si ces blessures ne sont pas entendues, si ces besoins ne sont pas satisfaits. Il existe des systèmes harmonieux et d'autres dysharmonieux. Si dans une relation, l'autre réveille vos blessures d'humiliation, de culpabilité, d'infériorité, d'abandon, d'exclusion, de rejet, de dévalorisation, d'incompréhension, blessures qui viennent de vos expériences d'enfant et d'adolescent surtout, si votre ami, votre père, votre patron réveille une de vos blessures, et que vous, vous n'êtes pas à l'écoute de ce que cela vous fait vivre, la réaction spontanée, naturelle et normale de tous les êtres humains, c'est de se défendre. On se défend soit par des mécanismes tournés contre nous-mêmes, le refoulement, la rationalisation, la banalisation, ou des mécanismes tournés contre l'autre, le reproche, la critique, la menace, l'attitude de victime qui permet d'obtenir une forme de pouvoir sur l'autre. On est blessé, on se défend, l'autre réagit et se défend aussi. C'est une escalade qui amène au moment où on ne peut même plus se parler. Dans une relation, quand l'autre ne touche pas vos blessures et que vos besoins sont satisfaits, tout va bien, mais ça peut ne pas durer. Dans la conférence, je développe ces différents systèmes relationnels : bourreau/victime, abandonnique/déserteur, envahisseur/envahi, sauveur/affligé, manipulateur/manipulé, ange/démon, dominateur/dominé, juge/coupable, supérieur/inférieur pour les principaux. Je parle de ce qui caractérise par exemple le bourreau et la victime, de ce qui se passe entre eux et du pourquoi ils se sont attirés l'un vers l'autre.

    On parle de nos jours de pervers narcissique ou de relation toxique, c'est terrible de qualifier quelqu'un de la sorte, qu'en pensez-vous ?

    J'aime bien votre question. Chaque maladie psychologique a ses racines dans une blessure qui n'a pas été entendue. La psychose est le mécanisme de défense ultime. Il est vrai que ce sont des êtres avec qui la vie est très difficile parce qu'ils sont complètement coupés de leurs souffrances et de leurs blessures, avec souvent une très grande dévalorisation, par l'infériorisation, par l'abandon. Ils se défendent comme ils peuvent. Ils sont complètement coupés de leur ressenti. Tout cela est bien triste.

    Lequel de ces systèmes vous concerne le plus ?

    Dans ma relation de couple, c'est envahisseur/envahi. Le mécanisme activé varie en fonction des situations et en fonction des relations aussi. J'explique tout cela dans mon livre "De quel système relationnel êtes-vous prisonnier ?"

    Il existe les 5 blessures de l'âme, l'analyse transactionnelle avec parent/enfant/adulte ou la numérologie et tant d'autres manières de se regarder le nombril. En quoi votre approche est-elle différente ?

    La première chose que je trouve importante, c'est d'être en relation avec soi ici et maintenant. Si ce n'est pas le cas, le thérapeute peut confondre avec son propre vécu, tomber dans l'interprétation. Certains ont tout compris au niveau du mental, mais seront incapables d'appliquer quoi que ce soit. Cela peut demander des années de travail sur soi pour parvenir à vivre ici et maintenant. La deuxième chose, on différencie les obstacles intérieurs et les obstacles extérieurs à la communication. On parle de blessure éveillée par l'autre, mais le problème ne vient pas du déclencheur, de celui qui a éveillé la blessure, on le tient pour responsable alors qu'il ne l'est pas. L'obstacle intérieur, c'est la blessure, c'est l'émotion, la peur, la honte ou la culpabilité et cela appartient à la personne et non au déclencheur. Nous avons du pouvoir sur ce qui se passe à l'intérieur de notre être, et toute tentative de changer l'autre ne servira à rien. Autre chose, quand j'enseigne, il y a des règles que j'entends faire respecter. L'atelier commence à neuf heures et pas à neuf heures trente. Les travaux demandés doivent être remis. Une personne ne peut pas participer à un atelier sur la défensive, elle s'investira avec les autres, dans sa vérité profonde en prenant conscience de ses mécanismes de défense.

    Nous nous étions rencontrées en 1999 déjà lors d'une conférence "La liberté dans la relation affective ?" ici à Fribourg, à la librairie Bien-Être. Une des conclusions était : La source de la souffrance se trouve souvent dans le passé. Aujourd'hui, maintenez-vous cette affirmation ?

    Je ne suis pas d'accord pour fouiller dans le passé à longueur de temps. Je travaille comme je l'ai mentionné avec l'ici et maintenant. Mais si une souffrance du passé est réveillée, parce qu'elle est à l'origine de la souffrance d'aujourd'hui, elle sera traitée. Ce n'est pas nécessaire d'aller creuser dans le passé, pour finalement rendre père et mère responsables, qui eux à leur tour rendront père et mère responsables de leurs maux, cela nous rendrait plus malheureux alors que ce que l'on recherche, c'est le bonheur et il se trouve dans l'ici et maintenant.

    "Ma vie, mon chef-d’œuvre", vous animez cet atelier. Suivre cet atelier peut apporter quels bienfaits ?

    Tout ce que je viens de vous dire, être à l'écoute de soi, apprendre à être en relation avec les autres dans la communication authentique. Ce sont nos relations qui nous ont amenés des affects négatifs et c'est par la relation que nous pourrons transformer cela en affects positifs. C'est mon principe de base. Le titre "Ma vie, mon chef d'œuvre" c'est pour dire : je ne subis pas ma vie, je la crée. Je ne me laisse pas mener par toutes sortes de choses, j'ai tout pouvoir de choisir et bien davantage que ce que l'on croit en général.

    Pouvez-vous nous donner vos 3 conseils les plus importants pour vivre harmonieusement ?

    Le travail sur soi, l'écoute de soi, l'amour de soi, l'acceptation. Si je m'accepte à 50 pour cent, je m'aime à 50 pour cent. Les parties de moi que je n'accepte pas, qui me font honte, que je veux cacher, ce sont celles qui hurlent au fond de moi et qui ont besoin d'être acceptées. Dans une relation ce sont des parties auxquelles l'autre n'a pas accès, et la relation n'est pas authentique. Stop aux jugements sévères sur soi-même. L'acceptation de tout ce que je suis, la liberté est à ce prix-là et nulle part ailleurs. Plus je m'accepte, plus je m'aime et plus je serai capable d'être responsable. La responsabilité sans l'acceptation ne dure pas. Le cœur du travail c'est l'acceptation aussi et surtout des parties de nous-mêmes que nous avons pris l'habitude de refouler par peur de ne pas être corrects et en conséquence par peur de ne pas être aimés.

    Êtes-vous heureuse, Colette Portelance ?

    Je peux vous dire que, maintenant, oui je suis heureuse. Le bonheur ce n'est pas l'absence de souffrance, le bonheur c'est une façon de vivre avec ce qui est là, une capacité d'assumer, d'accueillir de composer avec ce qui est, autant avec ce qui est bon qu'avec ce qui l'est moins. Oui, je suis heureuse parce que j'ai appris à composer avec ce qui est. Chercher une vie amoureuse, relationnelle ou personnelle où la souffrance est exclue, c'est une illusion. Quand les déclencheurs de nos blessures sont là, c'est pour nous aider à devenir de meilleures personnes.

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    J'ai bien apprécié cet entretien et me réjouis de vous rencontrer.

    Merci Colette Portelance

    Christiane Kolly - 8 octobre 2015


    votre commentaire
  • visite a la grand-mere

    votre commentaire
  • avant maintenant amour de soi

    S'aimer vraiment, c'est aimer chaque parcelle de soi-même, même et surtout les plus sombres, celles que nous tentons de faire taire ou de cacher.

    Nous sommes tous pareils, il y a au fond de nous des parties que nous n'aimons pas.
    Prenons l'exemple de ce jeune homme qui déteste son côté lent, qui aimerait parfois se laisser aller à flâner, à ne rien faire, mais pour Dieu sait quelle raison qui lui appartient, il estime que ce n'est pas bien de ne rien faire, d'être oisif, de se donner du bon temps. Alors il est "vite" comme disent les canadiens, il a des gestes rapides et précis, il est souvent pressé, voire stressé. Quelle peut être sa croyance ? Si tu prends ton temps, si tu es lent, tu n'avanceras pas dans la vie, être lent, c'est être un incapable, au final. Et pourtant, c'est dans ces moments de flânerie, de légèreté que l'être intérieur peut le mieux s'exprimer. Et vous savez, derrière une peur ou une croyance, il y a toujours un besoin à combler qui est bloqué. Dans ce cas, un besoin de développer plus son côté artiste, de le laisser s'exprimer, peut-être... Seule la personne elle-même pourrait nous dire ce que cache le fait qu'elle n'aime pas son côté lent.
    Aimer chaque parcelle de soi-même, quel beau programme, quelle belle aventure aussi, de prendre la décision suivante : dorénavant, je vais être plus alerte à mes pensées, et quand mon Yago, mais oui l'égo, commence à chauffer, à me dire : ne fais pas ceci, ne fais pas cela, fais ceci comme ci, fais cela comme ça, je vais aller examiner l'autre côté et me poser la question : mais pourquoi ? De quoi ai-je peur ? D'être jugée de quoi ?
    Vous trouverez j'en suis certaine et c'est cette partie-là de vous qui crie, qui veut aussi sa dose d'amour. Mais oui, la meilleure thérapie pour l'homme, c'est l'amour, et si ça ne marche pas, augmentez la dose !
    Christiane Kolly - 1er octobre 2015
     


    2 commentaires
  • cooperer 2 anes

    votre commentaire
  • lotus

    La perte d’un être cher, est un cheminement auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre. C’est un processus normal, universel, auquel nous sommes confrontés depuis toujours.
    Nous pouvons tous envisager la perte d’un être proche, mais elle parait acceptable si la personne est âgée, a bien vécu, meurt tranquillement dans son lit durant son sommeil, entourée de ces enfants, sans souffrances, en Paix… Mais, tous les jours nous voyons que le départ ultime se passe aussi de manière abrupte, sans avertissement : pour des enfants, des personnes en bonne santé, seules, dans des souffrances quelques fois terribles.
    La perte d’une personne par suicide est une mort où les questions, les colères très souvent vont nous accompagner face à ce geste . Les "est-ce que j’aurais dû, pas dû ?", viennent et reviennent, sans cesse. La colère aussi : on en veut à tout le monde, à soi, à ceux qui étaient là autour de la personne, à Dieu (Dieu signifiant une conscience supérieure et non un Dieu relié à une religion spécifique), qui a laissé faire ça, à la vie etc… Parce que le départ  sous cette forme est brutal, violent et nous met face à notre impuissance, nous questionne sur notre attitude avec la personne avant son départ. 
    Et souvent la peur aussi est là : la famille, les proches ouverts à une autre vie après la mort, ont peur que la personne partie souffre encore, qu’elle soit condamnée par son geste. C’est un poids supplémentaire, que d’affronter le quotidien face au regard culpabilisant d’une société q ui juge cette forme de départ.

    Il devient alors important, voir urgent, de se rappeler que, quel que soit notre intervention, elle n’aurait pas empêché le geste de la personne. Nous ne pouvons être à la place de l’autre. Nous pouvons que respecter le choix de partir de cette personne et sa manière de le faire.
    Puis, laisser aussi du temps au temps : après la tempête, le calme finit par revenir. L’apaisement et l’acceptation aussi, même si pour y arriver le chemin n’est pas facile : il est important de ne pas rester seul et demander de l’aide, de l’écoute et du soutien. Si l’on a une croyance spirituelle, prier ou retrouver une communauté peut aussi vous aider dans votre processus.

    Le deuil, n’est pas une maladie, mais peut le devenir. Nous avons là l’occasion d’une entraide nécessaire au grandissement de chacun dans le processus du deuil. Faire le deuil nous demande alors de prendre soin de soi, de créer ce mouvement  qui se tourne à l’intérieur, pour apprendre, comprendre et transformer. C’est oser dire sa peine, demander de l’aide, parler, partager.

    C’est aussi l’occasion pour les personnes et la société qui nous entourent, de porter attention à l’autre, par une parole, un geste, une présence, un temps qui permet l’apaisement. Ce temps permet de revenir, de cultiver des valeurs d’entraide dans la société.

    Trop souvent encore, liés aux religions, des médiums ou autres pensent qu’une personne morte violemment, souffre et erre, ne pouvant alors recevoir de contacts, puisque la personne est condamnée, mais n’est-ce pas les personnes vivantes qui condamnent, par leurs croyances ?
    Notre corps au moment du départ devient un habit usé à laisser dans le monde physique, pour retourner à une totale liberté. Retrouver cet espace sans limites humaines, retrouver cette source de là où nous venons, de là où nous retournons tous, quelle que soit notre attitude de vie, quelle que soit notre manière de partir. Il se pourrait que personne ne soit condamné à errer, mais tous à évoluer. 

    La médiumnité pour aider au deuil, oui, quand elle permet la rencontre au niveau de l’âme, pour se dire au revoir, pour comprendre, pour laisser la place à chacun, vivant et mort là où nous sommes. La médiumnité, oui, quand elle permet de pardonner et guérir, ce qui n’a pas été dit ou fait durant la vie commune lors du passage sur terre, lorsqu’elle permet à chacun de continuer son chemin et d’avancer dans son deuil, pour remercier de ce vécu commun. 
    De savoir que la vie continue après la vie, permet de donner du sens à nos épreuves et la perte d’un être cher est une épreuve, nous devons continuer à vivre, sans . 
    Elle permet de nous rendre attentifs, à comment je souhaite vivre maintenant, de prendre soin de nos relations vivantes, déjà celle à nous même, puis à nos proches dans l'épreuve ! 
    La mort nous met face à nous, qu’est-ce je souhaite apporter à ceux qui m’entourent maintenant, quel sens je souhaite donner à la perte que je vis.

    Mais surtout, comment je souhaite traverser ma vie, aujourd'hui ?

    Moniq Clerc - www.lavoixdelame.ch


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires